Un espace dédié à nos deux amis Henry et Hugo, qui eux effectuent actuellement un tour d'Europe en moto, bande de fainéants.  Moniteurs de ski mais voyageurs de fortune, nous leur prêtons un espace de notre site pour leur carnet de voyage. Nous déclinons toute responsabilité de ce qui suivra ! A vous les bikers...

 

       Je me présente, Hugo, 20 ans, d'Anères, dans les Pyrénées, et je présente en meme temps mon pote Henry, de Guchen. Alors on est fainéants, c'est vrai, parcequ'on fait notre tour d'Europe à moto, mais pour notre défense, on le fait en 125cc, donc ça rajoute une petite inconnue du genre "le moteur de ma moto va-t-il fondre dans le prochain col?".

     En plus d'etre fainéants on est mal organisés, en tout cas beaucoup moins bien aue nos potes, les Caubins et c'est pourquoi on les remercie de nous préter une page sur leur -o'combien génial- site internet. D'autant qu'on risque de se retrouver à Pragues !

     Retrouvez donc le récit de notre voyage sur ce site et pour le gros des photos et des vidéos sur le groupe facebook dédié : http://www.facebook.com/?ref=home#!/group.php?gid=131481446881370&v=wall&ref=ts

 

    On the road again !!

 

Itinéraire très (très) prévisionnel
Itinéraire très (très) prévisionnel

 

02/07/2010, Marseille - L'estaque.

         Nous partîmes (500), d'Anères ce matin, et je pourrais vous raconter ce que c'est que de voyager en 125cc : pour les novices, c'est la cylindrée de nos motos, leur puissance en quelque sorte, pour vous donner un ordre d'idée, un 50cc, c'est une mobylette ou un scooter, une 900 c'est une moto de course. Donc 125cc c'est assez pour doubler les mobylettes et autres tracteurs, pour rouler à 90km/h en pointe, mais surtout pour avoir le temps de regarder le paysage.
         J'aurais aussi pu vous raconter comment j'ai pris un coup de soleil sur le dessus des mains (c'est encore plus moche que les coups de soleil de cycliste de Mathieu !), ou comment Henry n'arrive presque plus à s'asseoir parce que sa selle est trop dure.
         Je peux aussi vous affirmer que si on prend un PV, ce ne sera certainement pas pour excès de vitesse, qu'une voiture sans permis m'a doublé dans une montée et que les motards se saluent toujours entre eux, mais pas ceux en scooter... étrange.

         Mais je pense qu'au fil de ces billets, je vais essayer de répondre à une question qui m'est souvent posée : pourquoi ? "Pourquoi faites vous-ça", "Pourquoi comme ça", "Pourquoi là", mais à toutes ces questions je pense qu'on pourrait y substituer : "Pourquoi le VOYAGE ?"

         Pour l'instant je dirais qu'il y a l'envie de partir, de se mettre en difficulté, de découvrir... bla bla bla, on reste dans du conceptuel. En partant ce matin, par la nationale en direction de Toulouse, je suis passé par des endroits superbes alors qu'ils sont à moins d'une heure de chez moi. 
         Ensuite il y a eu la Haute-Garonne et ses dos d'ânes incessants, Carcassonne et ses cars d'Allemands qui mitraillent la forteresse à la mode nippone. Les abords de Montpellier et ses filles en bikini, les étangs et les roseaux, les longues routes qui suivent le littoral, un bac pour traverser le Rhône. 
         Et soudain, après cette quiétude bucolique, welcome to Fos sur Mer où les flamants roses regardent les citernes géantes des raffineries d'un air perplexe (ou est-ce la couleur que prend le ciel qui les fait lever une patte pour mieux y réfléchir?). Entre les complexes petro-chimiques règnent des no-man's-land grisâtres, mais le vrai problème : pas moyen de trouver un endroit pour s'arrêter boire un bière ! 
         Une fois sorti du nuage acre des raffineries , on trouve une place pour s'arrêter, un petit village posé sur un colline où on sent bien le sud, où on sent bien Marseille surtout, du papi à son petit fils, et même à sa fille (anti-sexy comme accent, mais bon, passons...)
         Et quelques kilomètres plus loin, à Martigues, un gigantesque pont, bien lancé, j'arrive en haut et là : à gauche l'étang de Berre, à droite la mer, en face des collines de calcaire blanc sculptées par le temps et derrière, ben derrière je peux pas voir, à cause du casque et que c'était une 4 voies donc galère pour se retourner. Mais là, c'est le grand frisson, une impression d'immensité, de plénitude, que rien ne pourrais décrire, ni quelques phrases, ni un dessin, ni même une photo (et puis comme ça je me justifie de pas avoir réussi à sortir mon appareil de poche à ce moment).

        Rien ne vaut l'expérience de ces moments, et c'est pour ça que je voyage, pour ressentir ces sensations que seule la rupture avec le quotidien permet.
       

        Demain, cap sur Gène !
Hugo

 

Pause duche dans un rivière Italienne
Pause duche dans un rivière Italienne

 

04/07/2010 - VENISE :

 

           Nous avons finalement fait une petite centaine de kilomètres cette nuit sur la route sinueuse du col de Torriglio, moment hors du temps où toute notre attention, focalisée sur ce ruban noir et tortueux sur lequel se détachent les bandes blanches fluorescentes ne pouvait penser à tout l'imaginaire collectif sur ces voleurs d'italiens que les personnes adorables que nous avions rencontrées dans le bar 15min avant ne faisait qu'infirmer.

      Après avoir mijoté dans mon blousons en cuir toute la journée, j’ai maintenant enfilé pantalon de pluie, gants de ski et autres pulls et passe montagne.

Le col passé l’atmosphère se réchauffe, on s’écarte de la route principale et faisons copain avec une botte de paille qui nous abritera toute la nuit.

Réveil au petit matin, les oiseaux gazouillent et les papis qui vont chercher leur pain restent perplexes devant notre campement de fortune.

Quelques kilomètres plus loin, pause douche dans une rivière limpide, mon ventre gargouille, il est 9h, pause petit déjeuner 20 bornes plus loin.

Dans le café où nous nous arrêtons il y a : des motards, des harleyistes et des motards. S'il existe un Etre qui veille sur les motards, il ne fait aucun doute qu’il nous ai guidé jusqu’à cette route que j’ai choisi par pure logique de parcoure.

           Il y a donc de plus en plus de motards sur la route, la valle s ‘élargit et nous arrivons dans les plaines. C’est dimanche et les italiens qui ne sont pas à la messe sont enfermés chez eux pour échapper aux 40° a l’ombre. Les villes fantôme s’enchainent, je profite pour faire une parenthèse sur la DDE italienne, il y a un panneau de direction a chaque intersection, et leur teinte permet une datation historique plus ou moins précise, mais entre les panneaux qui ont été oubliés depuis les années 80, ceux qui auraient du être rajoutés à la réfection de la route, et ceux duquel un arbre a poussé j’estime a 50 kilomètres par jour les détours que nous faisons.

Sachant que la moyenne du tout au tout est de 50 km/h combien de temps perdent ils a cause de ces ^ + # % & @ de panneaux ????

 

           Finalement nous arrivons à Venise, ou plutôt à Quarto D’Altino, un quartier italien plus au nord où une amie italienne rencontrée l’été dernier en Angleterre avec Rom’s (vous suivez ?) nous héberge. A peine les motos dans son garage le vent se lève et trois minutes après il pleut des cordes, on est vraiment des GTC !

 

Hugo

 

 

 

 

Burano, vous avez dit coloré?
Burano, vous avez dit coloré?

05/07/2010 - Venise :

 

         Hier soir et malgré quelques goutes qui n’empêchent pas un bon 28° C, on part avec des amis de Monica (l' amie qui nous loge) à la plage, l’eau est chaude, on parle espagnol, anglais, français, et même un peu italien, après une journée sur la route pas besoin de vous faire un dessin le réveil est douloureux ce matin. Mais on se lève - gaillards - et à 9h00 cap sur Burano. C’est Nastasia, une jeune vénitienne rencontrée hier soir qui nous guide, nous partons avec son père qui est peintre   et qui a une boutique sur Burano (une île au nord de Venise dans la lagune).

        Nastasia étudie le tourisme, parle 4 langues, porte des pantalons en toile colorée et est un poil hyperactive, c’est elle qui nous fait visiter Burano. La particularité de cette île se sont ses maison, semblables à toutes les autres maisons vénitiennes (la différence dans tout ca ?), sauf qu’elles sont peintes de toute les couleur un peut en mode schtroumf.

Autour d’un Spritz ( boisson typique du coin dont je n’ai pas encore très bien compris la composition), en terrasse Nastasia nous explique comment l’Italie semble virer de plus en plus vers la droite, l’aberration  du contrôle explicite des médias par Berlusconi… Ce ne sera pas la seule a nous faire part de ce point de vue.

 

En fin d’après midi cap sur Venise pour de vrai cette foi, c’est à dire que nous allons sur l’île principale, balade dans les rues, bières en terrasse, et de terrasse en terrasse, il a fait nuit, super ambiance en ville, surtout quand Henry a fait son show. Il paraît qu’il ne faut pas se baigner dans les canaux de Venise, bien sur c’est interdit mais en plus c’est pas très propre apparemment. Mais ça n’a pas eu l’air de déranger mon compagnon de route quand il a tapé un (et même plusieurs) backflip depuis les 4 ou 5 mètres  d’un pont traditionnelle mettant les occupants des bars alentour en extase.  D’autre se lancent a leur tour pour quelques plongeons.

Fidèle à notre philosophie, le TTB spirit, nous poursuivons notre quête !!!

 

Hugo

 

 

 

La route jusqu'à Bologne a du être très longue pour Monica !
La route jusqu'à Bologne a du être très longue pour Monica !

06/06/2010 - Venise :

 

        La nuit d’hier a été longue et tumultueuse, la grasse mat jusqu'à midi est la bienvenue, ensuite direction Bologne avec Monica, une copine nous prête une Fiat 5OO décapotable, c’est la vie.

        Là bas on retrouve un pote photographe à Monica qui expose ses photo dans une sorte de collectif pseudo artistique, soirée très sympas somme toute, mais la fatigue nous ralentis un peu. Bologne est beaucoup moins envahie de touristes que Venise et est par conséquent un peu plus « vraie », moins figée, plus de cosmopolite aussi. C’est une ville où je retournerais.

 

Hugo

 

 

 

 

Tous ensembles : YMCA !
Tous ensembles : YMCA !

07/07/2010 – Venise

Brèves de carter !

 

-          Ils ont bien fait de mettre toute cette eau à Venise, c’est pratique. (Henry)

 

-          Les policiers sont ridicules, désolés pour ceux qui me lirons et qui sont eux même gardiens de la paix, mais c’est quoi le truc, vous avec perdus un paris avec votre tailleur ? Mais dans votre malheur, sachez qu’on a trouvé plus ridicules que vous ! Nous les avons surnomés les YMCA, petit pantalon gris moulant, chemise bleu avec dorures bien années 80, petite casquette à fond plat, du grand art… heureusement qu’ils sont armés.

 

-          Je ne dispose pas d’assez d’observation pour rendre un jugement objectif sur le rascisme et l’extrémisme dont j’avais entendu parler à propos de la région du Piemonte (le nord de l’Italie), mais pour en avoir discuté avec pas mal de personne, ça serais vraiment le cas, et particulièrement autour de Venise, d’ailleur la « Ligue du Nord », parti d’extrème droite à côté de qui Le Pen passe pour un enfant de cœur, est née à Treviso, à une quarantaine de kilomètres au nord de Venise. Mais c’est vrai qu’en regardant bien, les seuls noirs ou arabes que j’ai croisé à Venise étaient des touristes, et la différence se fait déjà sentir dès qu’on descend une centaine de kilomètre au sud, à Bologne.

 

-          Tu crois qu’ils vendent des cigarettes là ? (Henry)

Dans le salon de coiffure tu veux dire ? Certainement oui  :-) .

 

-          Les lignes blanches ça veux dire interdit de doubler non ? Ou en tout cas en France, parce qu’en Italie on ne dirait pas.

 

 

On voit pas bien en photo, mais ça monte, et je suis à 40 km/h.
On voit pas bien en photo, mais ça monte, et je suis à 40 km/h.

09/07/2010 – Ljubljana (SLOVENIE)

 

                Super ambiance à Venise, super soirées, mais surtout super rencontres, on resterais presque là ! Horreur ! On a failli prendre racine, mais on en a pris conscience à teps, donc c’est parti, on met les voiles, direction Ljubljana.

                Après ces cinq jours passé à terre, en vaporetto, en train… c’est tellement agréable de réenfourcher ma moto ! Je ne pensais pas que je pourrais autant apprécier ça, cap à l’Est donc, la frontière vec la Slovénie est à une petite centaine de kilomètres et rapidement, après cinq jours passé entre mer et plaine, les silhouettes massives des montagnes se dessinent à l’horizon. J’ai beau ne pas être particulièrement attaché à l’endroit où je vis, mais c’est vrai que d’avoir depuis longtemps vécu près dans les montagnes m’es rentré dans la peau et voir des montagnes se dresser devant moi me fait plaisir.

                Une frontière est une « ligne imaginaire… » et bien celle-ci n’est pas du tout imaginaire, à peine passé Gorizia, la ville frontière, la route deviens plus raide et plus sinueuse en entrant dans une large vallée. On est tous le deux tout content d’être en montagne, surtout que celle-ci est particulière. Pour vous donner une idée, c’est comme si les Pyrénées avaient couché avec la provence et les alpes. Il y a bien les forêts de feuillus clairsemées de petits champs, mais il a aussi les pins tout secs et des bouts de garrigue aux caillous blancs qui apparaissent de temps à autre, et enfin les grandes cuvettes herbeuses d’altitude, comme dans les alpes. Mes a priori ethnocentriques franco-français m’avaient préparés à un paysage de pays en dévellopement de 1ère générations, mais nous ne croisons que des maisons coquettement fleuries, une campagne soignée et ordonnée… Peut être en apparrence seulement, après avoir passé le col ( à 40km/h, faute de puissance, mais ça permet de voir le paysage), on s’arrete dans un bar - une mousse en terrasse, peinard –  et en discutant avec la serveuse qui habite là, elle nous révelle que ce village, dont le paysage bucolique me fait penser à celui de Belle et Sébastien, est une plaque tournant de la drogue, que la population y est en grande partie alcoolique et qu’il ne vaut mieux pas y trainer là nuit. Les apparences sont trompeuses.

                Dans tous les cas nous n’avions pas prévus d’y passer la nuit, une heure plus tard on rentre dans Ljubjana, ce qu’on à pu voir en cherchant une auberge de jeunesse donne envie d’en voir plus, donc on vas y aller sans plus tarder.

 

Ljubjana : here we come !!!!

Hugo

 

PS : la bière est à 1€50 ici, après venise on est refait !!

 

 

Dédicace aux jumelles !

11/07/2010 – Ljubljana

            Aujourd’hui, je commence par la fin. Il est 9h30, je suis encore un peu dans le gaz, je me suis motivé pour me lever tôt, déjà parce que le petit dej’ compris dans l’auberge de jeunesse dans laquelle nous sommes fini à 9h30 et aussi parce qu’on doit libérer la chambre à 10h (et en disant ça je tourne la tête et vois le bordel qu’on a mis dans la chambre et qui ne sera jamais rangé avant 10h, mais bon…

            Il y a plein de grandes blondes partout, c’est un peu perturbant, en ville aussi, mais là il règne une plus grande mixité des physiques et des origines. La nuit dernière nous avons rencontré un français qui enseigne dans un lycée ici, il nous a montré pas mal de bar et il est assez marrant de constater des clivages visibles à l’oeuil nu . Alors il y a ce bar au nom imprononçable, où les fille, magnifiques et légèrement vétues sont couvées du regard par des mecs de petite taille mais bodybuildés à fond. En fait c’est « le » bar serbo-croate, les filles sont sexy, mais pas touche, leur cousin ou leur frère est là, il y a un respect de l’intégritée physique qui me fait rigoler quand je vois toutes ces filles danser de cette façon et dans ce genre de tenues, mais la tradition c’est la tradition. Ensuite il y a le Bachus (nom représentatif et international s’il en est) dont la fréquentation est apparement plus Slovène, et c’est vrai que je sens moins le regard oppressant de la famille sur mes moindres faits et gestes.

            C’était pour la vie de la nuit, le jour est simpa aussi, on a loué des vélo (sisi) et vons fait un grand tour à travers la ville. Enorme pensée pour vous les jumelles : comment vous devez en chier !!! On a du faire 15 bornes à tout casser, bon on avais pas de vitesses sur nos vélos et on a du faire les bourrins pour monter les 300m de dénivelés sur un raidillon médiéval qui menais au château sur la grosse colline au milieu de Ljubljana, ensuite on a essayé d’aller au zoo, mais finalement trop cher, donc grand tour dans un square géant, un peu dans la ville… En parlant de la ville, c’est assez cool parce qu’assez petit, pour traverser le centre, il faut maximum 15min, argument de poid en soirée ! Et il y règne une ambiance paisible, les automobilistes ne klaxonnent pas un piéton trop lent, il y a plein de rues piétonnes, toutes plus fleuries les unes que les autres, de la belle pierre…

            Peut être même un peu trop calme, on lève le camp pour Linz dans 10min avec peut être une étape intermédiaire vers Graz.

            On the road again !!!

Hugo

Le centre historique
Le centre historique
Imaginez le calvaire pour l'orientation
Imaginez le calvaire pour l'orientation

 

 

13/07/2010 – Linz

 

                Reprenons si vous le voulez bien à notre départ de Ljubljana, cette ville est magnifique et à voir absolument, mais comme toute les capitales, il y a plus de touristes que d’autochtones (qui la plupart du temps fuient ladite capitale pendant la période estivale). Donc à découvrir avec un contact sur place.

                Nous avons cependant repris la route vaillamment (non pas que ce soit spécialement dur de rouler à moto, mais nos exploits de la veille restaient ancrés en nous… petite pensée pour les Caubs). En sortant de Ljubljana par le nord, de gigantesques montagnes se dressent devant et nous ne sommes pas mécontents d’avoir choisi un itinéraire moins direct, plus vers l’Est comme deux jeunes Slovènes rencontrés la veille nous l’avaient conseillés. Après quelques kilomètres d’une autoroute toute neuve et toute lisse pour sortir de la ville, on entre sur le réseau secondaire qui suis plus ou moins l’itinéraire de l’autoroute, mais gratuit (bien que nous n’ayons pas encore compris comment payer l’autoroute Slovène…). Je pourrais vous décrire les trous et les bosses de cette route, mais une phrase d’Henry résumera mieux la réalité :

                « La route ici, c’est comme la route d’Agos chez nous : c’est Bagdad !! ».     

                La petite montagne environnante est cependant plus que magnifique et on doit s’arrêter régulièrement pour pouvoir apprécier le paysage sans risque. La végétation est verdoyante, les prairies et bord de routes sont composées a peu près du même panachage de plante que par chez nous mais en plus ordonné. Les petites maisons qui bordent la route ont des toits très orange et des balcons qui croulent sous des gerbes de fleurs énormes. Le col passé, on arrive dans la plaine.

                En suivant une longue et large vallée agricole vers Maribor (nord-est de Ljubljana), nous découvrons une facette pourtant évidente de l’économie Slovène mais que les paysages bucoliques de la montagne avait occulté : l’industrie. Et surtout l’industrie automobile, vous vous souvenez les délocalisations, tout ça… Dans cette campagne Slovène magnifique, des complexes industriels se dressent et hérissent la campagne de leurs cheminées, d’un coté le fer arrive, rouillé, tordu… et de l’autre côté (les usines s’étendent parfois sur plus d’un kilomètre) en sortent des voitures, ou au moins des morceaux, vive la DIPP (Division Internationale du Processus Productif : il faut bien que ce que je replace un peu du contenu de mes deux dernières années d’études).

                Une fois Maribor passé, la frontière Autrichienne n’est plus qu’a quelques kilomètres, mais à un croisement, la moto d’Henry (Natacha pour les intimes) cale et ne redémarre pas, on se pose sur le parking en face, il fait 38°C, pas un brin d’ombre, je me vois déjà en train de démonter le moteur, la moto ne démarre toujours pas. En fait Henry avait juste mis le coupe circuit en position éteinte (donc plus d’étincelle à la bougie, donc plus d’explosion) sans faire attention, vous pouvez rigoler, mais que le motard à qui ça n’est jamais arrivé jette la première pierre. Donc cap sur Graz ou nous arrivons en fin d’aprem, jolie ville mais nous décidons de dormir dans les champs ce soir, donc on continue à rouler au Nord.

                Après quelques dizaines de kilomètres dans des vallées très typées « alpes » (normal me direz vous on y est, oui, mais jusque la ça n’étais pas le cas), le soleil descend dans le ciel et nous cherchons un endroit pour dormir. Un champ à peut près horizontal à flanc de montagne, baigné d’une lumière dorée,  semble parfait, je vais demander à la ferme située en contrebas (histoire de ne pas se faire réveiller avec un tromblon au gros sel sur la tempe), et le refus que j’essuie me semble malheureusement ne pas être un cas à part et je ne peux m’empêcher de le mettre en lien avec l’employée acariâtre d’une station service quelques heures plus tôt, les automobilistes irrespectueux et les lacs d’accès payants. Heureusement nous tomberons sur des gens sympa par la suite, mais cette ambiance générale nous avait déjà été rapportée.

                Nous finissons par trouver un coin propice à nous abriter pour la nuit, en fond de vallée, à deux pas de la rivière. En marchant autour du campement, on se rend compte que de l’autre côté de la haie se trouve un luxueux golf et comme les vieux millionnaires ne peuvent attendre la fin de leur 18 trous pour aller pisser (et ne peuvent pas non plus pisser contre un arbre), il a de l’autre côté de la haie (et donc a côté de notre campement. Vous suivez ?), une petite maison en bois, avec table en terrasse, toilettes, lavabo… Notre chois est fait, nous dormirons au pied de la cabane, c’est un golf, le gazon est soyeux, après un combat contre les moustiques, notre nuit à la belle étoile est profitable.

 

                Ca n’est que le matin que je comprends pourquoi le gazon est aussi agréable pour nos postérieurs. D’abord un bruit de pluie, j’ouvre les yeux : bizarre, le ciel est bleu, et au bruit de pluie vient s’ajouter la sensation des gouttes qui me tombent dessus, c’est froid et désagréable (je suis réveillé depuis moins de 10 secondes), je m’extirpe de mon duvet : mais c’est bien sur ! L’arrosage automatique du terrain de golf, des petits embouts noirs ont jailli de la pelouse tous les 20m et me canardent. Henry, qui dort profondément à 1 mètre de moi, est hors de porté de tir… y’a des jours comme ça…

                Une fois mon duvet sec et Henry réveillé (vous seriez surpris d’apprendre ce qui prend le plus de temps), on reprend la route, plein Nord d’abord, vers Bruk, puis nord-ouest, à travers les montagnes pour rejoindre Linz. Là ça grimpe pour de vrai, 10km à 20km/h à peut près (petite pensée à nouveau pour les jumelles), j’ai doublé deux cyclistes et un poids-lourd. Si les moteurs devaient lâcher sur ce tour d’Europe, ça devait être ici, arrivé en haut, je suis soulagé, les bécanes ont tenus !

                On descend de l’autre côté, paysage magnifique, le granite gris des sommets laisse place aux forêts de sapins, pause café dans un bar, on voit des gamins qui sautent d’un pont et nous joignons à eux, Henry tape quelques backflips pour leurs donner des bonnes idées…

                On arrive à Linz, la personne qui nous héberge, Daniela, que j’ai contacté grâce à Couchsurfing (site qui met en contact les voyageurs qui souhaitent être hébergés, et ceux qui acceptent d’héberger, les membres de ce site sont souvent les deux) ne sera là qu’a 20h et nous a laissé l’adresse d’un lac à quelques minutes de Linz, on se pose là-bas, notre séjour à Linz s’annonce bien.

Hugo.

 


Peinard en terrasse
Peinard en terrasse

14/07/2010 – Linz

 

                On retrouve Daniela chez elle. Non, on a réussi à trouver presque du premier coup chez elle. Parce que si trouver une adresse en France est relativement facile, essayez de demander la rue Pfarrkirchen à un passant, ou Bad Wimsbach-Neydharting et encore je vous épargne les directions où il y a une lettre en plus (un espèce de « B » bizarre).

Nous arrivons donc à HammerlinstBer, Daniela nous accueille dans son appart super bien décoré et original, elle est très sportive, voyageuse, elle travaille dans une boite qui fabrique des machines qui comptent les pièces, c’est elle qui s’assure que la machine ne puisse pas se gourer. On dépose nos affaire dans le petit salon où deux magnifique canapés nous attendent (couch=canapé, pour ceux qui auraient l’anglais de Math) et partons en ville retrouver un pote à elle pour une visite de la ville et quelques bières. Très belle ville, beaucoup d’églises qui ressemblent beaucoup à celles vues en Slovénie, pas mal de bâtiments tout neufs dont les murs changent de couleur… Daniela travaille donc elle rentre, on veut continuer la soirée, mais tout ferme à minuit, après un petit tour dans la ville, retour à l’appart.

 

                La nuit a été difficile, il fait environ 30°C toute la nuit et dormir devient presque fatiguant. Réveil matinal donc, un peut d’organisation (rangement…), on va manger dans un resto chinois qui sont vraiment très bon marché le quartier, ce qui s’avère être une aubaine pour notre budget. Parce que pour ceux qui ne connaissent pas Henry, vous devez savoir qu’il doit se nourrir lui, mais pas seulement il doit aussi nourrir Norbert, son vers solitaire qui mange comme 4. Alors le chinois c’est sympa, mais je vous laisse imaginer notre désarroi devant le menu tout écrit en autrichien, en plus la serveuse parlait autrichien et cantonnais… Mais grâce aux photos, on a réussi à manger, Henry, Norbert et moi.

 

              Après manger, on prend les vélos que Daniela nous prête et nous mettons en route pour un autre lac que celui on nous avions été la veille, son pote qui nous l’a conseillé nous a dit que c’étais pas loin, 15km, traverser le pont, descendre le Danube jusqu'à barrage, le traverser et c’est là. Et c’était exact, mais en moto on perd la notion de ce qu’est un kilomètre ; et si les 3 premiers étaient marrant, au 4ième Henry a commencé à avoir mal au fesse, au 5ième on est sorti des bois donc on était en plein soleil, au 6ième les gamins de 8ans nous mettaient à l’amende… Heureusement au 8ième on s’est souvenu qu’on avait acheté des bières pour le lac : donc la fin du trajet c’est bien passé. Mais même si vous n’en doutez pas, les Caubs en veulent sacrément je pense ! Parce que c’est dur le vélo !

Tout ça pour dire qu’on a été au lac, il y avait un téléski nautique, j’ai fais un peu de wakeboard et le « perchman » blond qui me prenais pour un con a eu l’air un peu déconcerté en me voyant enchainer les tours de lacs. Puis re-15km dans l’autre sens, retour à l’appart, re-départ en ville. On a un rythme de vie exténuant !

Hugo

 

 

République Tchèque
République Tchèque

16/07/2010 – Prague

 

                On ne réalise bien souvent le plaisir qu’on a eu à un endroit et la qualité des gens qu’on y a rencontré que quand on le quitte.

Quasiment toutes les personnes que nous avons rencontrées à Linz nous ont posé la même question : « Why Linz » ? Excellente question au demeurant et à laquelle je ne trouvais pour réponse qu’un argument purement pragmatique d’itinéraire. Cet argument reste, mais j’en ais maintenant beaucoup d’autres. On a été étonné par exemple, d’avoir à chercher pendant 10 minutes un magasin qui vendait des cartes postales (à Venise il y en a un à tous les coins de rues, littéralement), la vieille ville n’est pas pleine de touristes qui mitraillent chaque mètre carré de façade. Devant les restaurants, pas de serveurs qui racolent les éventuels clients ni de grappes humaines qui se pressent contre un guide qui s’égosille à propos d’une église. Nous ne sommes pas des proies potentielles, c’est agréable.

Mais la vraie valeur que je trouve aujourd’hui à cette ville, ce sont les personnes que j’y ais rencontré. Daniela, qui nous a hébergés et dont le rire communicatif résonne encore dans ma tête, Harry, un pote à elle avec qui nous avons fait la tournée des bars. Julia, belle et énigmatique autrichienne… C’est pour ça que je voyage, parce qu’un voyage en appelle un autre, parce que Daniela viendra certainement en France, parce que je reviendrais certainement à Linz.

 

                Nous avons donc quitté Linz le cœur lourd chacun pour des raisons différentes et cap au nord ! On part retrouver les Caubs à Hradec Pradové, à 100 bornes à l’Est de Prague. La frontière n’est qu’a quelques kilomètres et de gros nuages noirs se forment dans le ciel. A peine passé la frontière et comme un cadeau de bienvenue, une pluie légère nous accueille… Ca n’est pas tant la pluie qui nous dépite mais plutôt que après plus de 2500km sans un goutte, ça aurais pu continuer, parce qu’on tour d’Europe sans prendre la pluie c’est quand même la grande classe ! Mais ces considérations se dissipent rapidement quand la pluie se fait plus drue. Encore 25km et plus rien, on sèche vite grâce au vent chaud qui se remet à souffler et que nous pensions avoir laissé derrière nous à Linz. Une fois la pluie passée, notre attention se porte à nouveau sur tout se qui nous entoure. Nouveau pays, nouvelle ambiance. La campagne autrichienne bien tenue, avec son moindre mètre carré de pelouse tondue avec amour et ses petites maisons fleuries est bien loin.

 

              Ici, on sent que la nature à encore son mot à dire et les petits hameaux de maison que nous croisons font l’objet de mon d’attention tant au niveau des couleurs que de l’architecture. Les carcasses de voiture s’empilent, grands parents et enfants sont devant les maisons, les uns fumant la pipe, les autres se courant après. Les Tatra et autre Lada donnent à tous ces décors un charme désuet «URSS », bien qu’un peu cliché. Partout sur le bord des routes, des vendeurs sont sous des parasols, sur une cagettes des pastèques, des oranges, quelques boissons, parfois un unique pot d'olives, ça me rappelles des images diffuses de mon enfance en Amérique Centrale.

Usine en raz-campagne.
Usine en raz-campagne.

En ce qui concerne les villes plus importante, c’est autre chose, on sent qu’il y quelques décennies, elles n’étaient rien de plus qu’un hameau comme celui que je viens de décrire. Moitié village moitié ville champignon, entourées d’usines occidentales gigantesques, elles se sont brusquement agrandi pour répondre à la demande des ouvriers arrivant. Les maisons en aglo s’empilent le long de la route et vibrent au passage des poids lourds d’un coté, des trains de marchandises de l’autre. En même temps qu’une usines, ce sont toutes ses nuisances qui sont délocalisée.

 

Hradec Kralové confirme ce l’organisation des grandes villes que nous avions croisés jusque là, mais nous nous enfonçons dans une gigantesque zone commerciale pour retrouver les Caubs. On les retrouves sur un parking en périphérie de ville ils ont les traits tirés mais nous sommes tous les quatre contents de nous retrouver. A 2500km de chez nous, avec des parcours aussi différents qu’exaltant, nos délires pyrénéens sont toujours de mise et le campement de ce soir s’annonce bien. Demain nous serons tous à Prague où on a loué un appart.

Hugo.

 

 

 

Campement improvisé.
Campement improvisé.

17/07/2010 – Prague

                Les retrouvailles avec les Caubs pouvaient difficilement mal se passer, potes de longue date et soudés, nous nous retrouvons donc en fin d’après-midi à Hradec Kralové, faisons quelques kilomètres pour sortir de la ville et essayons de trouver un endroit sympa où établir notre campement pour la nuit. Finalement ce sera une plantation de cerisiers, on allume un feu, les Caubs montent leur tente et je commence les grillades. La viande est à point et je fini de la mettre dans du pain et de l’assaisonner quand un brusque orage éclate. Pendant que les Caubs abritent eux et leur matos dans leur tente, Henry et moi tendons notre bâche entre les arbres. On aurait du le faire avant ? Certes, mais avant il faisait beau et chaud, maintenant il fait humide et chaud et les sandwiches sont trempés, qu’a cela ne tienne. L’orage passe comme il est venu et on reste à discuter tous les 4 sous notre campement de fortune. C’est là que je me rends compte de la différence de nos voyages, notamment sur le plan physique. Mais malgré leur fatigue nous restons tard dans la nuit à échanger nos expériences, à parler de tout et de rien, comme si nous étions dans les Pyrénées, surtout parce que nous sommes à 2500km de chez nous et qu’on réalise notre chance.

Un bien étrange équipage
Un bien étrange équipage

Le soleil se lève très tôt ici, 5h30 du mat, le soleil pointe déjà, les agriculteurs qui passent à 2 mètres de notre campement, sur le chemin, ont l’air interloqué en nous voyant mais aucun ne s’arrête.

On plie le camp après un petit déj’ au soleil et nous prenons la route de Prague. Je roule devant le tandem des Caubs pour leur couper le vent pendant qu’Henry immortalise ces moments. Et c’est là que je réalise ce qu’ils doivent vivre au quotidien sur la route. Dans mon rétro, je vois le visage de Roms qui se crispe à chaque infime mouvement de terrain, que je n’aurais même pas remarqué en temps normal. Et puis il y a les camions dont le souffle ébranle l’équipage, les trous de la route, le vent… Ils ont la foi ! Rapidement le rythme vélo nous donne des fourmis dans les fesses à Henry et moi, on choisi donc un autre rythme que je qualifierais de PMU : en gros on s’arrête tous les 30km et on attend le tandem une bière à la main, et c’est clairement le rythme qui nous convient !

L’entrée dans Prague est folklorique et les Caubs se croient sur le Paris/Roubaix tellement les pavés sont omniprésents dans cette ville, on arrive dans l’appart loué quelque jours avant, c’est grand et lumineux, de grandes choses vont arriver ici !

 Hugo.

 

 

Qui nous bouge là ?
Qui nous bouge là ?
Notre voisin, le chateau.
Notre voisin, le chateau.

 

 

19/07/2010 – Prague

 

                Découvrir une ville de nuit est un concept génial. Inutile de vous préciser que si la plupart des musées nous restent inconnus, la vie de la nuit n’a elle aucun secret pour nous. Une fois installés dans l’appart (n.d.l.r : une fois qu’on a eu entassé notre bordel dans tous les coins de l’appart), un rapide -mais néanmoins conséquent-  plat de pates, et nous voila partis dans les rues de la ville. On retrouve un ami d’un ami au cousin d’un pote (facile non ?) qui habite à Prague, toujours dans l’objectif de ne pas faire tous les bars à touristes et payer la bière deux fois son prix (vous avez dit pragmatique ?). Il y a malgré tout beaucoup de touristes et anglais, espagnol, français résonnent plus que le tchèque de tables en tables. Je traverse la ville les yeux en l’air, tiens, une église, un gigantesque parvis, ici et là de grands dômes verts, tiens une autre église, un bout de muraille, une tour de guet, tiens, encore une autre église…

Mais le clous du spectacle c’est le retour à notre appart, les marches sont interminables, mais le jeu en vaut la chandelle (et on a pas trop le choix non plus), le château qui surplombe la ville est magnifique, l’éclairage -qui doit couter une fortune au contribuable tchèque- fait scintiller les dorures des rambardes, clochers et autres angelots, le vert pâle des dômes en cuivres vieillissants tranche sur le noir du ciel alors que les tours en roche noir s’y fondent à merveille, ne faisant que mieux ressortir leurs courbes et incrustations dorées. On arrive finalement à l’appart pour une nuit de repos bien méritée.

                Ca n’est pas tant découvrir une ville de nuit qui est génial, sinon de la redécouvrir le jour. Je repasse entre les églises, les rues sont noires de monde (tout l’inverse de Linz pour ceux qui suivent), sur les parvis hier soir figés comme un cliché moyenâgeux ont fleuris les échoppes, les vendeurs de tout et de rien (surtout de rien), il y a même un festival indien qui s’est installé avec son chatoyant chars fleuris, ses joueurs de cithare, ses fans en habits amples et ocres… tout est très raccord, sauf qu’il n’y a pas un seul indien, que ce soit dans l’assistance ou sur scène.

La ville est traversée par une grosse rivière, la (le ?) Vltava. Des pédalos slaloment entre les bateaux mouches et autres péniches, les nombreux ponts sont envahis par des groupes qui suivent leur guide qui parlent très fort, les rives sont parsemées de pubs plus ou moins luxueux. En s’éloignant de la rivière, de nombreux squares qui grimpent sur les flancs de collines et offrent une vue imprenable sur la ville, mais j’y reviendrais

Cross club
Cross club

C’est la nuit à nouveau et à nouveau son appel implacable nous attire dehors. Nous allons au Cross Club, c’est un ancien squat qui est devenu un des bars les plus en vogue sur Prague grâce à son gérant actuel, un ex-métallurgiste à l’imagination débordante qui a entièrement décoré cette ancienne bâtisse. Le résulat ? Un ensemble de salle dont la lumière tamisée (et la bière) transforme en vaste labyrinthe. Plusieurs salles de concert aux styles musicaux très différents et une dizaine d’autres seulement pour s’asseoir, certaines avec des bars… Chaque salle à un thème, mais le métal est omniprésent, dans une ce sont des machines à coudre, dans d’autres des moteurs recomposés en mobiles animés gigantesques, le tout intelligemment éclairé et coloré selon l’ambiance de la salle. C’est un bijou d’ambiance est d’esthétisme que je recommande à tout le monde (ajustez seulement votre heure de passage au niveau de basses que vous êtes prêts à supporter).

Au retour, le soleil se lève, en traversant un grand pont piéton (bondé la journée, mais là inutile de vous préciser qu’on est assez tranquilles), nos esprits aussi embrumés que le paysage contemplent avec une stupéfaction teintée de perplexité le jeu du soleil à travers les toits de la ville. Les clochers scintillent, les innombrables fenêtres reflètent les couleurs roses et orangées du ciel, au loin quelques cheminées déchirent la brume et crachent leur panache de fumée opaque. Ces images sont ancrées dans ma mémoire, il fait jours, je vais me coucher.

Hugo.

 

 

Flower power.
Flower power.

23/07/2010 – Arlon (Belgique)

 

                A force de vivre la nuit, on perd la notion du temps, les jours et les heures n’ont plus vraiment de cohérence et leur enchainement ne répond plus à une logique précise.

A Prague, un cours d’une autre nuit tumultueuse, nous rencontrons Luisa et Eliska, deux jumelles qui habitent ici. Elles font ma taille à toute les deux mais on l’énergie de toutes les personnes du bar réunies. Comme elles ont passé du temps en Ecosse, en Espagne et dans bien d’autres endroits, elles parlent un anglais impeccable que nous avons bien du mal à suivre. C’est en leur compagnie qu’on sort de Prague pour se rendre dans un bar estival sur le bord d’un lac, et après un interlude dans un champs de tournesol, on arrive dans ce bar, ambiance sable et parasols en feuille de palmiers. C’est l’occasion d’apprendre quelques mots de Tchèque (que j’ai déjà oublié…), mais aussi que les natifs de Prague ont la même réputation en Rep. Tchèque que les parisiens en France (je sens que je vais me faire des amis là !), où encore que le gouvernement dépénalise progressivement de nombreuses catégories de stupéfiants, pour des raisons financières apparemment. C’est vrai qu’il règne une assez grande tolérance ici, si fumer est autorisé dans les bars, il n’est pas rare qu’on y fume de tout.

Toutes les bonnes choses ont une fin, Math et Rom’s remettent leurs sacoches sur leur fidèle destrier et trois heures plus tard (moi, insinuer qu’ils mettent du temps à se préparer ? Certainement pas), les voila partis. Nos routes se séparent à nouveau, mais de cette rencontre Tchèque est né un nouveau et grand projet. Nous restons une journée de plus chez les jumelles et prenons la route le lendemain matin (bon d’accord à 13h).

On the road again !
On the road again !

               Nous mettons cap plein ouest, la frontière avec l’Allemagne est à une centaine de kilomètres, la différence entre la frontière  Rep.Tchèque/Allemagne et celle Rep.Tchèque/Autriche, est flagrante, on sent l’influence économique de l’Allemagne. Je vous rassure, les routes : « c’est quand même Bagdad » comme dirais Henry et je guette les plaques de graviers dans chaque sorties de virages. On passe la frontière, où plutôt ce qu’on suppose être la frontière car il n’y a pas de vestige de check-point, pas de panneau bleu cerclé d’étoiles jaunes, juste un petit poste de police fermé… Mais un indice est plus flagrant : la campagne, de celle plutôt décontractée et largement industrielle en Rep. Tchèque, la campagne Allemande est sans conteste plus ordonnée et contrainte. Les champs dont les contours sont tracés au cordeau alternent avec les vastes forêts de pins qui sentent la mousse et les champignons. Si les forêts Tchèques faisaient plus penser à la bête du Gévaudan, elles me font ici plus penser aux sept nains, les quelques maisons que nous croisons sont coquètes, le paysage clairsemé de petits lacs dans lesquels s’égayent des multitudes d’espèces de palmipèdes. La route est douce et sinueuse, mais tellement large que deux voitures de petite taillent pourraient sans problème rouler de front sur une seule voie. Sortis de la forêt, direction Francfort, la route se transforme en 4 voie, les luxueux breaks et autre Porsche nous doublent à toute vitesse, l’Allemagne est le seul pays où posséder ce genre de bolide est rentable, car point de limitation de vitesse. Le soleil descend à l’horizon, le ciel se teinte de rouge et d’orange, quadrillé par le passage des avions. Dans les champs de blés que la lumière rend dorés, les moissonneuses batteuses s’affairent, laissant dans leurs trainés des nuages de poussières qui tamise la lumière des paysages environnants. Ca sent l’herbe qui sèche et la paille. Un peu plus loin ce sont d’autres odeurs qui nous assaillent, on dirait de l’olive, de la rouille, de la nourriture pour poisson rouge… La campagne a laissé place à une vaste zone industrielle d’où sortent des processions de camions. Après les cheminées qui pointent vers le ciel, ce sont les camions qui creusent la terre, « l’Allemagne puissance minière », mes cours me reviennent en voyant ce gigantesque cratère à l’intérieur duquel des pelles mécaniques qui paraissent minuscules s’affairent dans le fracas et la poussière. Puis la campagne à nouveau, la nuit tombe.

Sous notre bache, en forêt.
Sous notre bache, en forêt.

Il fait nuit maintenant et l’air est chaud alors que nous roulons régulièrement sur le lisse bandeau des routes allemandes. A gauche, la lune un peu jaune éclaire les champs, à droite, des nuages commencent à s’accumuler, menaçants, c’est sur la droite, tout va bien. Une heure plus tard et malgré la nuit, l’horizon devant nous et devenu noir, j’essaye de me convaincre que ça n’est rien, la route commence à être mouillée, on traverse une bulle d’air froide, la température tombe de plusieurs degrés pendant quelques kilomètres puis reviens à la normale, ça va passer, je n’ais pas envie de m’équiper en tenue de pluie. Soudain un éclair traverse le ciel du nord au sud sur presque mon champ de vision : ça ne va pas le faire… On s’arrête immédiatement et c’est parti : il faut mettre les housses sur les sacoches, mettre un pantalon étanche, une écharpe, des gants… Il fait chaud, je transpire : « J’espère que je ne fais pas tout ça pour rien ! », Henry me corrige, c’est vrai, mieux vaut qu’il ne pleuve pas.

Mais on ne maitrise pas se genre de choses et nous voila sous l’orage,  heureusement on ne passe pas au cœur du nuage et une centaine de kilomètres plus loin, dans la forêt qui nous servira de refuge cette nuit, le matelas de mousse et de feuille qui tapisse la forêt n’est même pas mouillé. On installe le campement à la lueur des phares, on a beaucoup roulé, mon cerveau sature de tout ce qu’il a pu entendre, voir, découvrir… ces derniers jours. La nuit va être bénéfique.

Hugo.

 

 

Réveil dans une forêt Allemande.
Réveil dans une forêt Allemande.

25/07/2010 – Bruxelles

 

                On est en veine, on n’a même pas pris la pluie cette nuit, même si dans quelques kilomètres on va enfiler à nouveau nos tenues de pluie, tout est sec pour l’instant. On s’arrête petit-déjeuner à Francfort et pour appuyer l’idée qu’il doit quand même pas mal pleuvoir par ici (au cas où la nature verdoyante ne soit pas un indice suffisant), il y a des magasins à U.V un peut partout. Même le bar où on prend notre café est muni de ces machines à panini géantes. On continue notre route, il pleut par intermittence,  les collines parsemées de pins sont brumeuses, on approche de la frontière avec le Luxembourg, celle-ci est passée sans même ralentir, plusieurs larges viaducs nous amènent dans la ville, on pourrait manger par terre, ici ni SDF ni 205, on se croirait dans un décor de film, tout parait aseptisé, rangé, beuark ! On repart, quelques kilomètres plus loin, frontières avec la Belgique. En deux jours on a passé 3 frontières, soit quatre pays… il y a quelques années il nous aurait fallu une journée de plus… pour les formalités administratives. C’est quand je vois ça que je reste optimiste en ce qui concerne l’Europe, parce que c’est vrai, tout n’est pas parfait, il reste des aberrations, un manque cuisant d’une Europe politique, une organisation trop peu fonctionnelle… etc. Mais il y a aussi de grandes choses qui ont été faites, quand on sort boire une bière, on rencontre de jeunes de tous les pays qui discutent, échangent et qui ont finalement plus de points communs que de différences. Je pense d’ailleurs que nos générations, qui ont grandi avec cette notion d’Europe seront plus à même de la faire évoluer, plus que la génération aujourd’hui au pouvoir qui est encore empreinte de guerre, de frontières… Bref c’était le moment « Europe » et je sens que j’ai ouvert le débat.

Moment hors du temps
Moment hors du temps

 Nous allons à Arlon, petite ville Belge à quelques kilomètres de la frontière, chez des potes à Henry, ils travaillent dans un resto/brasserie dans le centre, on y reste deux jours histoire de se poser un peu, puis direction Bruxelles !

 

                Avant de parler de Bruxelles, il faut noter que le sud de la Belgique, la Wallonie est francophone, alors que la moitié nord, la Flandre, parle Flamand et ils ne rigolent pas avec ça, surtout les flamands. Mais Bruxelles a aussi sa propre région, « Région Bruxelles-capitale ». Pour résumer, en arrivant en Belgique les panneaux parlaient français (ok belge), puis quelques kilomètres avant Bruxelles, ils se sont mis au flamand, puis arrivé dans Bruxelles, un peu des deux. Je vous présente un des pays phare de l’Europe, criante contradiction n’est-il pas ?

                Mais cela n’enlève rien au fait que Bruxelles est une ville absolument magnifique, surtout que nous n’en sommes pas à notre coup d’essai. Il y a deux été, avec Henry, on était partis en auto-stop depuis Lannemezan, direction Amsterdam, mais finalement on avais passé presque tout notre temps à Bruxelles.

C’est à mon sens une des rares villes parmi celles que j’ai vu, qui a réussi à concilier son passé en y intégrant de la modernité. Les églises sont d’une finesse impressionnante, la ville clairsemée de petits parcs (qui nous ont souvent abrités pour une sieste), au milieu de tout ça poussent des buildings vitrés, des lotissements « neutres » (en énergie), des œuvres d’art et de grands escaliers vitrés. De vastes places offrent des panoramas impressionnants sur la ville où, le soir, les arrondis des dômes des élises tranchent avec les arrêtes aigues des buildings. Il y a l’ambiance de la ville aussi, un peu américaine quand voiture de polices et autres ambulances traversent la ville à grande vitesse, sirènes à plein volume, un peu Moyen-Orient aussi, car les mœurs de la forte population pakistanaise, arabe… semble avoir déteint, à certains points de vue, sur la population bruxelloise, notamment en ce qui concerne la circulation. Il y a des taxis garés un peu partout, des camions arrêtés en plein milieu de la route pour décharger des palettes de fruits ou des demi-porcs, au milieu de tout ça se faufilent des scooters surchargés et tout cela dans une relative impunité. J’adore cette ambiance, surtout en plein cœur de l’Europe.

Moogly et un collège de la savane, le Roi Lion.
Moogly et un collège de la savane, le Roi Lion.

On connait plutôt bien l’ambiance de la nuit aussi (étonnées ?), mais c’est un plaisir de se remettre dans cette ambiance. Il faut dire aussi que nous avons deux guides fabuleuses, Sulita et Amanda, deux belges que nous avions rencontrés ils y a deux ans et dont le parcours de vie mériterait déjà un livre (ou deux). C’est donc en leur compagnie que nous reprenons la route du « Corbeau » où pour une raison inconnue, tout le monde danse sur les tables à partir de minuit, au « Celtica » et ses happy-hours, au « Delirium café » qui a son nom dans le Livre de Records pour avoir 2500 bière dans sa carte, et c’est un vrai plaisir quand sur les conseils de nos amis, le serveur revient du fin fond de la cave avec une bouteille poussiéreuse, l’étiquette moisie par le temps et l’humidité, pleine de toiles d’araignées en disant « c’est bientôt les dernières »…

 

Après deux jours à Bruxelles, on prévoit notre départ pour Amsterdam, en Hollande, où plutôt mon départ, car Henry rentre en France. Je vais décevoir les amateurs de presse à scandale desquels je voyais déjà les yeux pétiller, il n’y  a pas eu de prise de bec ni de cris, mais son cœur l’appelle dans les Landes et si je ne comprends pas cette décision, je l’accepte sans soucis. Notre départ est symbolique, je prends la rue dans un sens, vers le nord, lui dans l’autre, vers le sud.

 

                Mais l’aventure continue ! Ou ne fait-elle que commencer ?

On the road again !

 

 

Il n'y a que le soleil qui ne soit pas raccord...
Il n'y a que le soleil qui ne soit pas raccord...

28/07/2010 – Amsterdam

 

            Je pars donc vers le nord, direction les Pays-Bas, dans mon rétroviseur, plus personne… étrange. La pluie me rince à intervalles réguliers alors que je sors de la ville, beaucoup de camions, je roule longtemps au milieu d’un paysage où zones industrielles se mêlent à intervalle régulier, encore des camions, j’approche d’Anvers, c’est une ville sympa, « rien que pour l’endroit ça vaut le coup » (bonus citation), et dans laquelle je me serais bien arrêté s’il ne pleuvait pas à seaux. L’envers du décor (facile mais tellement bon), c’est la sortie de la ville une gigantesque zone portuaires où d’énormes barges couleur rouille, manœuvrées par de ridiculement petits remorqueurs déchargent leur contenu dans des camions. Encore des camions. Des ponts aux allures de squelettes de dinosaures démesurés enjambent les canaux et autres marais, la frontière approche.

 

            Ici aussi, la frontière est passée à 90km/h, avec seulement un panneau, et une fois de plus la nature change. Vous voyez l’image sur les bouteilles de lait ? Bienvenue en Hollande, les champs sont vert fluo et les vaches noires et blanche, sur la bute derrière un moulin à vent, paysage bucolique s’il en est. Ce que les étiquettes pour produits laitiers ne montrent pas, ce sont les canaux qui zèbrent la campagne, les innombrables ponts, qu’ils soient traditionnels ou aux allures futuristes. Ce qui a l’air de bien pousser ici, ce sont les éoliennes, ce qui explique par la même le fort vent de face très désagréable qui m’accompagnera jusqu’à Amsterdam et que même les arbres ont l’air de haïr. En effet les champs et les routes sont bordées de grands arbres tout droits, mais qui poussent tous avec un léger angle tant le vent semble être omniprésent. La route longe les canaux, certains ont la taille de gros caniveaux d’autres ressemblent plus au canal du midi, les platanes en moins, les top-modèles blondes qui font leur footing en plus. Dans les quelques petites villes que je traverse, la propreté m’étonne, mais ça n’est pas l’ordre aseptisé allemand, c’est une impression d’organisation coquète qui donne une impression de quiétude et rend ces villes très accueillantes. Ce qui est étonnant aussi, c’est l’intérêt porté à tout ce qui est « green », partout des bâtiments neutres en énergie, dont les murs sont couverts de gazon et les toits pleins d’éoliennes verticales.

Rajouter le soleil pour la carte postale.
Rajouter le soleil pour la carte postale.

J’approche d’Amsterdam, beaucoup de camions, les grandes maisons en briques commencent à se dresser autour de moi, j’approche du centre, fini les camions, place aux vélos, quelques un d’abord, puis de plus en plus, la piste cyclable devient rapidement presque aussi large que la route, plus fréquentée aussi.

Mon objectif est d’arriver à trouver un magasin dans lequel Léonardo, un mec rencontré à Venise, travaille, on avait eu un bon contact et il m’avait proposé de passer. Je trouve le magasin, Léonardo a été renvoyé il y a trois jours… c’était mon seul moyen de le contacter et mon seul contact ici, qu’à cela ne tienne, je file à la gare pour mettre mes sacoches dans une consigne pour pouvoir visiter la ville.

 

            Amsterdam c’est cliché, mais c’est beau, c’est une ville qui a du cachet et pas seulement dans le centre, partout se dressent les maisons d’artisan de chaque côté des canaux qui quadrillent la ville. Pas très larges, mais très hautes, ces maisons en briques qui ont fait la puissance de la Hollande au XVIIème s. conservent aujourd’hui une poutre munie d’un crochet et d’une poulie qui sort au sommet de leurs façades. Les couleurs sont beiges, rouges… et tranchent avec le vert des arbres qui bordent la plupart des canaux. Il y a toujours autant de vélos et dans les carrefours importants se sont des nuées de vélos qui se croisent presque sans accrocs dans les tintements clairs des sonnettes.

Sur le parking d'une petite gare de banlieue.
Sur le parking d'une petite gare de banlieue.

Je tente d’envoyer quelques demandes d’hébergement sur Couch Surfing (cf. 13/07/2010 – Linz – pour ceux qui ne suivent pas) et continue à me balader, la ville est immense et pleine de clichés, bien sur il y a le quartier rouge où des femmes splendides en tenues légères lancent des regards langoureux aux badaud mi-curieux/mi-gênés, il y a aussi ces bars fumeux dont l’emblème s’apparente de loin à une feuille d’érable et dont les clients sortent l’air joyeux et le regard flous.

Toujours pas de réponse sur CouchSurfing, il faut que je trouve une auberge de jeunesse.

Hugo.

 

 

Il existe toutes sortes de vélo étranges ici
Il existe toutes sortes de vélo étranges ici

29/07/2010 – Bruxelles

 

            J’ai fini par trouver une auberge  de jeunesse, pour ceux qui ne connaissent pas c’est des hôtels à petit prix surtout fréquenté par les étudiants de tous les pays qui partagent de grands dortoirs qui sentent le lendemain de soirée et la chaussette d’il y a trois jours, mais l’ambiance y est super et les rencontres nombreuses. J’ai cependant une réponse de Charlotte que j’ai contactée par Couch Surfing, je la retrouve pour boire un verre en ville. Comme son prénom ne l’indique pas, elle est Hollandaise et a grandi dans la banlieue d’Amsterdam mais habite maintenant dans le centre. Elle travaille dans l’hôtellerie pour financer ses voyages, elle revient d’un long séjour en Afrique du Sud et une partie d’elle semble être resté là-bas. Plus tard dans l’après-midi on part dans la ville où elle a grandis, des potes à elle organisent une petite fête. Au milieu de tous ces Hollandais, je me rend compte combien mon anglais est mauvais, pourtant Sébastien me rassure « Tu parle bien Anglais pour un français », il comparera quand même mon accent à celui de Cousteau dans ses documentaires en anglais… J’ai quand même une piste de réponse pour expliquer cette disparité quand aux langues étrangères, ici tout ce qui touche à la mode, à la jeunesse… est en anglais, la plupart des radios, des magazines sont en grande partie en anglais, ce qui n’innocente pas l’éducation nationale française !

Retour en ville, Sébastien nous fait visiter sa maison : la facade blanche est une des plus grandes d’Amsterdam, il pousse la porte, les plafonds sont très hauts et entièrement moulé, au sol parquet et moquette, au murs, de grands miroirs, des bois précieux, on descend dans le sous-sol, sa chambre, un salon, un vestiaire, un garage où on pourrait jouer au tennis, plusieurs salles blindées et c’est pareil sur les trois étages au dessus. Perplexe je lui redemande si c’est sa maison :

-         « Oui, vu que j’habite là, c’est ma maison »

-         « Donc tu squatte ? »

-         « Nan, jsuis le concierge »

Donc Sébastien vit dans une ancienne banque chinoise de plus de 800m2, la classe.

L’appart de Charlotte serait le placard à balais dans cette maison, mais il n’y a pas photo, on se sent quand même moins perdu, c’est dans une maison typique d’ici, les escaliers sont raides et il y a une fenêtre qui sort de la façade, faisant comme un balcon couvert, c’est à deux pas d’un parc où des canards gavés de pain par les touristes barbotent dans des petits étangs autour desquels les passant dorment, jouent de la musique, pique-niquent, discutent. Encore une journée chargée…

 

            Demain je repars pour Bruxelles.

Mer du Nord : "Fait gaffe, je suis glacée !"
Mer du Nord : "Fait gaffe, je suis glacée !"

Et effectivement je suis parti, direction Harleem, une ville à l’ouest d’Amsterdam, sur le bord de la mer. Le bord de mer est marrant ici, on dirait les Landes, ces petites dunes qui surgissent brusquement au milieu de la campagne 500 mètres avant d’arriver sur la plage sont d’ailleurs le seul relief ici. -Et encore que le concept de relief soit un peu fort en Hollande, je pense que le relief le plus important dans les alentours est celui entre le niveau des champs et celui des canaux qui les sillonent.- En tout cas j’ai vu la mer du Nord et je peux vous dire que ça rigole pas, on dirais une fois de plus les landes avec ces grandes plages plantées de poubelles, sauf qu’ici l’eau est noire sur une bande de 300 mètres et a l’air de dire « Tu va voir je suis glacée... » et le gamin à moitié bleu qui sortais de l’eau à ce moment là avait l’air de confirmer.

            Cap au sud maintenant, direction Bruxelles, je me retrouve dans le flot des camions qui sont tellement nombreux que la route est marquée de deux sillons à l’endroit des roues… effrayant. Mais cela va de pair avec le réseau routier : le dynamisme économique de la région (l’Europe Rhénane) est fondée sur l’exportation de produits à forte valeur ajoutée, qui doivent forcément transiter par camion, donc les petits pays comme la Hollande sont couvert d’autoroutes, il y a des bretelles d’entrées tellement gigantesques que les agriculteurs font des bottes de pailles dans les no-man’s-land ! Etre leader impose des sacrifices.

 

            Petit conseil d’orientation à l’attention d’éventuels voyageurs : les arbres qui coupent le vent et qui sont plantés un peu partout empêchent de bien se repérer, cependant y’a un truc plus haut que les arbres, les clochers. Et comme le relief est inexistant, il devient facile de repérer tous les villages dans un rayon de 10 kilomètres. Easy !

 

            La frontière passée, j’approche de Bruxelles, Tatianna, qui encaissait jusque là les kilomètres avec une facilité déconcertante fait un petit cliquetis qui m’inquiète un peu, je verrais ça demain, ce soir c’est Jam session au Délirium.

Hugo.

Sans commentaire.
Sans commentaire.

30/07/2010 – Paris

 

                Le réveil sonne, dur réveil, comme tous les réveils près une soirée au Délirium, une douche, je tasse mes affaires dans mes sacoches, réveille mes hôtes pour dire au revoir et direction… le garage Suzuki pour résoudre ce problème de cliquetis et de vibration sur ma moto. Après avoir trouvé tous les concessionnaires de toutes les marques, je fini par trouver celui qui m’intéresse, les garagistes ont le sourcil levé quand je leur explique mon problème, mais leur mâchoire tombe quand je leur explique ce que je viens de faire avec ma moto. Un d’eux m’accompagne pour écouter le dit « cliquetis » : ça peut être les culbuteurs, un mauvais réglage des soupapes… mais de toute façon, ils sont en pleine saison et le premier créneau qu’ils ont pour prendre rendez-vous  est le 17 août… J’insiste un peu, j’obtiens de m’installer dans l’atelier pour démonter moi-même ma moto et leurs permettre de faire un diagnostic plus approfondis.

                Je sors mes outils, come un chirurgien ses scalpels et commence à dévisser méticuleusement réservoir, cache soupape… Et me trouve bien désemparer une fois tout ça démonté, quand bien même quelque chose clocherais, je ne sais pas trop si ça me choquerais… Un mécano regarde, le réglage est bon, donc une pièce est tordue, certainement l’arbre à came (orthographe ?...). Rien de très grave, mais le temps que la pièce arrive… (on est vendredi), la réparation prendra au moins trois ou quatre jours, ce qui remet en cause mon emploi du temps millimétré. Il faut que je réfléchisse, attendre, laisser la moto au garage, à Bruxelles… confronter toutes les données de l’équation, faire le choix le moins mauvais, pas facile.

Scalpel, pince, coton : l'opération peut commencer.
Scalpel, pince, coton : l'opération peut commencer.

C’est fait, la moto restera au garage, le mécano a eu l’air attendri par ma situation, tellement qu’une fois mes sacoches sur le dos, commençant déjà à transpirer sous le soleil de plomb dans mon blouson en cuir, quand je lui demande l’endroit le plus apte pour partir à Paris en stop, il me propose de m’emmener sur une aire d’autoroute toute proche, sur la route de Paris.

 

                Je l’avais dit, l’aventure ne fait que commencer, après presque 6000 kilomètres parcourus sur ma petite moto jaune, 8 pays parcourus, des rencontres aussi géniales que nombreuses, je suis au sud de Bruxelles, pouce levé, prenant un air de motard quand les conducteur sont des hommes, faisant mon plus beau sourire pour ces dames. Certains y verrons une régression, pour moi le voyage continue, c’est tout ce qui compte.

Tatianna dévoile ses parties intimes.
Tatianna dévoile ses parties intimes.

Après 5 minutes, un flamand me fait passer là frontière, il a une grosse voiture et ce trajet qui m’aurais pris 2h à moto est effectué en à peine 45 minutes, une autre voiture, une petite heure sur le périph parisien à parler moto avec le conducteur et me voilà dans le RER, je vais rendre visite à mes grands-parents et avec ce retour en France s’achève mon récit de voyage, j’embauche dans quelques jours en Bretagne.

 

                Mais en bon étudiant, j’ai appris que la meilleure argumentation ne vaut rien sans conclusion, la voici donc.

 

 

02/08/2010 – Conclusion

 

                Ce voyage a représenté 5327km parcourus à moto, 350km en auto-stop, 8 pays parcourus en 1 mois. Bilan général : très satisfaisant.

Austère non ? Je ne sais pas trop par où commencer, peut-être par le fait qu’il n’y a (presque) pas eu de casse, mais je parle surtout de nous deux, pas d’accident, pas de blessure (si, Henry s’est fait un ampoule avec ses tongs).

On a réussi à voir les pays que nous avions prévus de voir et dans chacun de ces pays, nous avons rencontré des gens géniaux, souvent très différents, mais à chaque fois nous avons gardés des liens forts qui ne sont que les prémices de prochains voyages (une fois qu’on y a gouté…). Il y a aussi tout ses paysages, toutes ces images de villes, de personnes, toutes ces odeurs et ces bruits qui saturent ma mémoire, tous ces endroits traversés, toutes ces étiquettes sensorielles sur lesquelles j’ai annoté « revenir ici absolument».

                Ce qui ce dévoile moins facilement, c’est certainement l’expérience du voyage, de la route  et des relations. La connaissance des hommes que nous avons acquise au cours de ce voyage n’a pas de valeur, plus je pars et plus j’en suis convaincus, le voyage est une école, la rencontre et l’échange une finalité. Sans tomber dans le cliché (erroné d’ailleurs) du « village planétaire », je reste convaincu que des maux tels que l’extrémisme (quel qu’il soit) ou l’intolérance, sont le seul fruit de l’ignorance ; la connaissance des autres, d’autres cultures et d’autres pays, me semble un très bon remède contre le racisme.

Ce voyage m’a à nouveau montré à quel point il est important de parler anglais (faute de mieux) , et qu’il n’y a aucun rapport entre cet anglais ennuyeux et rébarbatif qu’on m’a enseigné en classe et ce fabuleux moyen de communication qu’il représente, communiquer, c’est la clef.

 

                Merci à vous qui avez pris le temps de me lire, si vous avez pris autant de plaisir à me lire que moi à écrire, mon pari est gagné. Ce voyage en appellera d’autres, notre expérience, celle des Caub’s, condensées sur ce site internet, seront la base de beaucoup d’autres projet, la vie est trop courte, mais nos possibilités infinies, le GDGTC vivra !

 

Hugo.

 

 

L'aventure ne fait que commencer !
L'aventure ne fait que commencer !

Romain & Mathieu Caubin

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