Sur les chemins de Babylon

coin peinard & pêcheurs tchèques
coin peinard & pêcheurs tchèques

On se réveille ce mercredi matin dans notre petit coin bien trouvé, même de nuit. Aux alentours de 5h30, nous sommes réveillés par des voix (et tchèques en plus...) ; nous craignons d'abord de nous faire éjecter, mais non, ce sont des pêcheurs. Quand nous nous levons vraiment (juste après, vers 9h30...), on ne relève tout de même pas trop de sympathie des deux retraités qui n'offrent pas un regard à nos tentatives souriantes de simple bonjour. Semblerait qu'on soit pas vraiment les bienvenus, et que le partage de ce sous-arbre en bord de lac, pénard, à l'ombre, n'enchante pas vraiment nos voisins. Remarquez, je les comprends.

 

Peu importe, nous prenons notre temps, et savourons notre coin trouvé. Nous arrachons même un sourire ! Si si, un poisson sorti de l'eau et c'est toute la Caub's community qui applaudit, et provoque un geste de complaisance ! Première victoire

route frontalière
route frontalière

Nous partons un peu plus tard, le ventre creux, et décidons de nous arrêter plus loin pour avaler quelque chose. Nous finissons par rester 2h ici, et nous goinfrons littéralement. Je sens mon appétit revenir, quel bonheur de pouvoir avaler quelque chose sans faim (c'est le gros qui parle). Mais à l'heure de payer, on comprend que la carte n'est pas la bienvenue, et que le distributeur le plus proche est à Plzen, 10km derrière nous. Branle bas de combat ! La "charismatique" patronne des lieux a l'idée de mettre de l'essence dans sa voiture dans la pompe voisine, et je règle. Pas con.

 

Nous prenons la route avec du retard, histoire de pas changer. Route toujours très agréable. De bonne humeur, nous saluons, chantons. Bref on se marre. Mais le décor va vite nous rappeler à la réalité ; les côtes s'enchaînent, les jambes se raidissent, au fur et à mesure que nous nous approchons de l'Allemagne. La frontière est encore une fois magnifique. Du point de vue paysage. A part ca, un flic tchèque nous indique avec des airs de cow boy d'aller prendre la piste cyclable dans les bois. En vrais pirates, on se rabat vite sur la route. Et quand 2km plus loin, on aperçoit une voiture de flics garée au bout de la ligne droite, je dois avouer que l'on est pas vraiment sereins. Mais ce ne sont pas les mêmes. Ils ont un radar, et je déconne avec le camionneur derrière nous, lui qu'on emm... depuis un moment mais qu'on a peut être sauvé en roulant à 25km/h ici...

pays bavarois
pays bavarois

A part le flic tchèque, d'autres curiosités côté tchèque (je sais, répétition de "tchèque..).Des casinos, des prostituées, des boîtes... Sans doute bon nombre d'allemands viennent ici (nous n'avons aucun à priori à propos des allemands, d'ailleurs n'est-il pas souvent pareil entre la France et l'Espagne ?)

 

Mais s'il vous plaît non. "N'effacez" pas les frontières, elles sont trop agréables à franchir. Le début de l'Allemagne est magnifique: j'ai l'impression de toujours me répéter quand je dis ca. Mais pour le coup, la Bavière que nous découvrons est sans doute la plus belle région que l'on traverse depuis le début, sensation accentuée par une soirée toujours plus cool. Par contre, ça monte bordel. C'est long, parfois très pentu. Bref c'est dur.

 

On est un peu détruits lorsqu'on s'arrête dans un supermarché. Ici nous pouvons payer en euros. Mais là encore, impossible de payer par carte, alors qu'on croit que tous nos soucis liés à l'argent seront réglés. Mais non ! La femme m'explique qu'il y a un distributeur en ville. Math se sent pas bien. Je pars tout seul avec le tandem; j'ai l'air malin, d'après les regards de tous les gens qui je crois ne comprennent pas. Après règlement, et avalage d'un vrai pain à la française (enfin..), nous reprenons la route. Là encore nous roulons de nuit. Exténués, un peu perdus sur toutes ces petites routes, nous nous arrêtons à 10h passé.

"Wolf"

En Bavière, ce ne sont pas les sprinters qui gagnent...
En Bavière, ce ne sont pas les sprinters qui gagnent...

Il est presque minuit ici en Allemagne (genre on est à l’autre bout du monde…). Je n’ai vraiment qu’une envie, celle d’aller me coucher. Après tout, je pourrai écrire demain, ou plus tard encore, ça ne serait pas la première fois. Mais pourtant, je dois écrire maintenant, pour rendre au plus près de notre journée passée.

 

Ce matin nous nous réveillons dans notre petit hôtel bavarois. La fenêtre offre une superbe vue sur une vallée où se côtoient lacs, forêts, maisons typiques éparpillées, rivière. Nous avalons un petit déjeuner costaud, nous forçons même en prévision de la journée qui s’annonce, où nous devons rallier Munich pour plus de 150 kilomètres.

Ragensburg, ou Ratisbonne
Ragensburg, ou Ratisbonne

Avant de partir, anecdote amusante, la femme de l’hôtel avec laquelle je m’évertue de parler anglais depuis la veille au soir répond un parfait « avec plaisir » à mon « merci beaucoup ». Et merde, moi qui arrivais pas à lui expliquer 2mns avant que je cherchais une carte des alentours…

 

Nous partons donc, aux alentours de 10h (exploit !). Nous devons d’abord rejoindre Ragensburg, (Ratisbonne en français) à priori à 20km de là. 20km par l’axe principal, interdit aux cyclistes. Nous nous élançons donc à travers des routes magnifiques à l’image de celles entrevues la veille au soir, très vallonnées, dans une Bavière qui décidément réserve quelques surprises. Mon copilote Mathieu se saisit du gps et me lance un chevaleresque : « Maintenant, je suis tes yeux jusqu’à Ragensburg ». Ok. Nous voilà lancés sur les petites routes certes toujours aussi superbes, mais pratiquement désertées. Et pour cause. Un panneau nous indique une descente de 17%. Heureux ! De courte durée. Au suivant. Un autre nous annonce toujours 17%, mais de montée cette fois. Les côtes bavaroises sont de véritables murs. Nous mettons même pied à terre à un moment (orgueil pyrénéen anéanti). Bref, nous arrivons à destination avec quelques kilomètres non prévus au compteur. Morale : vaut mieux être aveugle qu’avoir Math pour yeux.

l'intrigue se noue...
l'intrigue se noue...

A Ragensburg, qui nous étonne par son importance, nous nous arrêtons un moment pour étudier la carte, aux alentours de midi. Un homme passe en scooter et s’arrête pour nous aider. Immédiatement, la discussion s’engage. Après un aspect tandem technique (il s’y connaît pas mal on dirait), il nous vante le vieux centre de la ville, non détruit pendant la Seconde Guerre. Je lui propose de nous accompagner manger un morceau, et il accepte.

 

Wolfgang, ou Wolf comme il le dit, est un homme d’une cinquantaine d’années. Sur son scooter, il travaille en fait, sillonnant la ville pour la « community » afin d’en vérifier les signalisations et autres travaux (un métier dans le genre). Le soir parfois, il fait des trous dans le mur, pour arrondir ses fins de mois, car depuis qu’une loi lui a obligé à refaire le toit de sa maison, celle-ci lui coûte 20% plus cher que prévu. Wolf a fait du vélo, et même du tandem. Il a même escaladé le Mont Ventoux. Alors qu’on découvre ensemble quelques mousses et mets locaux, il nous dit qu’il regrette de ne pouvoir nous inviter chez lui pour la soirée, sa maison étant pleine pour la semaine. Je lui dis qu’avec notre tente, un bout de jardin suffit. Il nous propose alors le jardin de ses parents, dans un village à environ 15 km à l’ouest. Nous réfléchissons, et la fatigue accepte. Ce sera toujours un peu de confort. L’après-midi, nous visitons la ville, et retrouvons Wolf à 5h pour qu’il nous accompagne ave son vélo cette fois au lieu en question.

Wolf
Wolf

Sur la route, il nous invite à prendre un verre, entre deux pistes cyclables. Jamais 5 secondes sans discussion. Wolf est né à Francfort mais s’est installé ici après être venu s’y battre avec Greenpeace contre un projet d’usine de recyclage des déchets nucléaires. Avec sa formation d’ingénieur, il a un temps fabriqué des vélos pour handicapés (normal qu’il s’y connaisse, niveau matos).

 

Nous arrivons chez ses parents, absents. Un coin de paradis. Petit village en bas de falaise, dans une vallée « à la bavaroise ». Cours d’eau le long du jardin, un grand abri. Nous n’aurons probablement pas besoin de monter la tente. Wolf nous montre la maison qu’il refait, avec les panneaux solaires sur tout le toit. Il nous montre aussi le modèle de remorque de vélo qu’il fabriquait il y a 20 ans de ça. Et, chose assez incroyable quand on y pense, il nous sort 2 pneux Schwalbe marathon. Les Schwalbe, ce sont des pneus que nous n’avons pas trouvé dans 25 magasins de vélo depuis Tallinn. Et c’est ici, sans les chercher, qu’un homme à peine rencontré nous les offre.

Josef et Bettina
Josef et Bettina

Mais (c’était trop beau) le temps se gâte. En cette soirée, le vent se met à souffler très fort, et l’orage menace sérieusement. Wolf appelle des amis à lui du village, ravis de nous accueillir pour la nuit (c’est trop beau). Math lance un « nous sommes vraiment chanceux de vous avoir rencontré aujourd’hui », Wolf répond « Non c’est moi, ça me rappelle tous mes souvenirs à vélo, en tandem, quand j’avais votre âge » (mettons nous d’accord, la phrase de Mathieu est sans intérêt, c’est la réponse qui en a).

 

Bref, moment incroyable, non démenti quand nous arrivons vers 9h30 chez les amis en question, alors que le vent redouble d’intensité. Nous discutons un moment, et l’accueil est incroyable. Le temps passe tellement vite que c’est à peine vers 23h30 que notre faim nous rappelle. 500 grammes de pâtes avalées avec grand plaisir. Et apaisés après cette journée des plus originales.

 

Là il est presque 00h30, je sors de la douche. Je vais me coucher (énorme ma life non ?). Demain c’est sûr nous devons aller à Munich, nous avons même étudié les cartes des voies cyclables avec notre hôte. Environ 120km d’après lui. Nous essaierons de partir tôt, histoire de pas débarquer de nuit dans la troisième ville allemande, un beau cocon d’environ 1 300 000 habitants tout de même. En attendant, bonne nuit.

 

See you

Avec Josef et Sebastian

                Nous devions être à Munich ? Et bien c’est raté. Nous nous levons, il pleut, et nous sentons la fatigue à peine les escaliers descendus. Eléments que ne manque pas de relever notre hôte, Josef. C’est un homme d’un calme incroyable, toujours un sourire au bout des lèvres, et nous sommes seuls avec lui pour le petit déjeuner, alors que son fils Sébastian est à l’école. Nous parlons des possibilités que nous avons autour d’une spécialité bavaroise qu’il vient d’aller acheter  à la boulangerie du coin, une sorte de croissant salé qui se laisse avaler (par la suite nous en avons mangé plusieurs chacun). Il nous propose de rester chez lui aujourd’hui, et de rejoindre Munich seulement demain. Proposition intéressante, et vite étudiée par la Caubs Commnity en quête d’opportunités. Soit nous restons ici, près de Regensburg, à 120km de Munich un jour de plus avec un vrai lit, dans le plus beau village des environs, à refaire le monde autour d’une bière locale avec un mec en or, soit nous rejoignons Munich dans la journée sous la pluie, où nous attend le camping du centre ville. Vite fait, nos corps ont le dernier mot, nous restons une journée ici.



Sébastian
Sébastian

Nous n’avons pas perdu notre temps ! Site internet, changement de pneus, relationnel avec la famille et autres, et surtout nous apprenons à connaitre nos hôtes.

                Josef est un ingénieur qui conçoit des ordinateurs de bord des voitures. C’est lui et son équipe qui ont élaboré celui de la Audi S6 (je crois), voiture dont il est bien conscient qu’il ne peut pas se la payer : « Le jour où j’ai autant d’argent pour me payer une voiture comme ça j’arrête de travailler ! ».  La maison est grande, dans une petite vallée charmante (c’est l’adjectif exact), surplombée d’une colline appelée ici les « petites alpes ». C’est un ancien moulin, dont nous apprenons l’histoire bien connue de Josef. Une belle famille, un peu écolo, avec leur potager, leurs propres bougies, un aquarium et trois cochons d’Inde, et surtout pas la télé. Leur fils de 10 ans, Sébastian, rentre de l’école à 13h. Il ne parle pas (encore) anglais, il vient de commencer à l’apprendre. Et c’est bien dommage, on sent qu’il est curieux, il demande souvent à son père de traduire ce dont nous parlons. Il partage ses pistaches avec nous devant Pirates des Caraïbes en allemand, et quand il n’est pas devant l’ordi, il peint, escalade les escaliers en colimaçon, fais de la balançoire avec le hamac du salon, il est génial.

Roms examinant la couleur de la bière
Roms examinant la couleur de la bière

                L’après midi passée, nous faisons quelques courses pour le repas du soir, avec des plats français au menu (enfin, je ne sais pas si c’est français, mais c’est fait par des français ce soir). Roms ne tarde pas à trouver une bouteille de bordeaux rouge pas trop cher mais qui se révélera excellente. Je me charge de la préparation, dans cette cuisine suréquipée, il y a tout. Un gratin de choux fleur, dont Sébastian n’a pas trop aimé, et Joseph je ne sais pas. Roms lui l’engloutit, toujours le principal fan de ma cuisine. Avec ça, un bon steak accompagné d’une sauce à l’échalote, dont Josef tombe amoureux et va jusqu’à presque lécher le plat (merci Sergio pour la recette). Roms se charge du dessert, et m’impressionne, lui qui peine à correctement faire cuire des pâtes (c’est guift), une idée de génie qui lui vient d’Angleterre, et c’est des abricots cuits au sucre de canne avec une boule de glace vanille qui terminera par tous nous faire fondre, y compris une fois de plus le chef de famille qui finit et la glace et les abricots. Un super repas, une super soirée. Après cette ventrée aux couleurs françaises, la bouteille de bordeaux vide, Josef nous rappelle vite qu’ici on est en Bavière, et que c’est le pays de la bière ! Une première tournée, puis une deuxième de cette excellente bière issue d’une petite exploitation située à 3 km de là.

                Il faut savoir (effectivement, c’est important une petite page sur l’histoire de la bière après tout) qu’il existe à Regensburg et dans les environs de nombreux types de bière. Lors de notre repas avec Wolf, nous avons gouté une bière produite dans le restau même où nous étions. Josef (qui a vécu 10 ans à Munich) se veut désormais un adepte des bières de Regensburg et nous chante les louanges de ce pays où les productions sont locales, alors que la plupart des productions industrielles de Munich sont de moins bonnes qualités. Et effectivement, la bière bavaroise est bonne. Moi qui ne suis pas un grand fan, je l’apprécie. J’arrive à comparer aussi avec les pays traversés auparavant, car comme le dit tonton Robert (Oncle Bob dans le livre d’or), « une bière après une journée de vélo, ça aide à éliminer l’acide lactique. Mais attention, pas un pack, juste une ».

Atelier création de bougies
Atelier création de bougies

Cette région de l’Allemagne a certaines habitudes bien différentes des nôtres, alors que nous ne sommes pas si loin de la France. La première chose qui nous a marqué est la présence en masse de panneaux solaires sur les toits. En effet, peut être un quart des maisons sont équipées de  l’énergie solaire. La maison de Wolf que nous avons visité (celle où nous devions squatter le jardin) est recouverte de panneaux, qui permettent de chauffer l’eau et la maison. La politique du gouvernement est très avantageuse, et ces installations sont vite rentabilisées par un important subventionnement de la part de l’Etat et par le fait que la compagnie d’électricité a l’obligation de racheter votre énergie solaire presque deux fois plus cher qu’elle ne la vend.

                Nous discutons beaucoup avec Joseph de politique, d’histoire, il nous explique mieux l’époque de séparation de l’Allemagne, le fonctionnement des régions autonomes (les Lander si je ne m’abuse).. En parlant de ça, marrant de penser qu’un référendum vient d’interdire aux bavarois de fumer dans les lieux publics, alors que dans la province d’à côté c’est autorisé. Bref, la soirée est tout simplement géniale, et Joseph part se coucher après un moment sans aucun doute marquant de notre voyage, alors que je me prépare un thé pour éviter de m’endormir sur la table (c’est vrai que depuis quelques minutes nous nous parlions sans vraiment nous parler, la bière et le vin français n’y étant pas pour rien). Un large sourire : « I’m going to sleep » et il disparait sans bruit.  Cette famille est la simplicité incarnée, et ils ont une confiance totale en nous alors que nous sommes des inconnus. Joseph nous a abandonné la maison plusieurs dizaines de minutes avec son fils, nous avons les clefs, la permission de nous servir dans le frigo, le droit de travailler dans son bureau.

Je m’endors à minuit, demain cette fois ci c’est sur nous devons être à Munich ! (déjà vu ca quelque part non ?) Le suspense est à son paroxysme… Nous devions faire Prague-Munich en 3 jours, 5 jours sont passés. Peut être le 6eme sera le bon ?

La suite au prochain épisode bavarois.

Il pleut un Max en Bavière

(merci Karl pour ce titre abracadabrantesque)

Ce samedi matin, en Bavière, il pleut. Il pleut encore. Joseph nous propose histoire de pas changer de prolonger encore notre séjour dans cet ancien moulin. Nous ne pouvons nous permettre de rester plus longtemps, et partons le cœur gros. Mais avant cela, Joseph a remué ciel et terre pour nous trouver quelque chose, un toit où s’abriter après une journée de pluie comme celle qui nous attend. Ainsi, le soir, nous pourrons rester chez sa sœur, dans la campagne, à environ 30km de Munich.

Sébastian prend la place de Roms pour les 1ers km... Quelle sensation de vitesse!
Sébastian prend la place de Roms pour les 1ers km... Quelle sensation de vitesse!

Nous attendons que la pluie se calme un peu. Et vers 12h30, nous reprenons la route. Joseph tient à nous accompagner pour nous indiquer le meilleur chemin des premiers kilomètres. Il y a une belle bosse à escalader, ainsi il insiste pour prendre dans son coffre tout notre équipement. Nous parcourons alors une dizaine de kilomètres « à vide ». Erreur ! Quelle sensation, quelle vitesse ! Joie de courte durée, nous devons recharger la bête, et nous quittons avec regret Joseph et Sebastian.

C’est toujours pareil, une sorte de paradoxe. Souvent des regrets à quitter ces gens qui nous ont aidé, et en parallèle une sorte de joie indescriptible de se retrouver à nouveau tous les deux sur la route.

Mais ce jour là, il pleut. Nous rejoignons les bords du Danube, à la recherche de l’itinéraire cyclable. Une erreur nous coûte d’escalader un bel escalier colimaçon d’un pont, avec tout l’équipement. Les joies du voyage, le genre de petit truc qui ne pose absolument aucun problème dans ce genre d’aventure. Ca nous a plutôt fait marrer.

La tour en question
La tour en question

Bref, nous roulons bien, jusqu’à un village nommé Abensberg, où nous stoppons pour avaler les sandwichs préparés le matin, au pied d’une tour surprenante au nom imprononçable que la photo décrira mieux que moi. Et avec cet arrêt, nous prenons froid. Aléa d’une journée pluvieuse. Les nombreux touristes sont à l’image de Prague quand ils passent devant nous. Il semblerait que quand ceux-là sont en mode touriste, tout devienne curiosité touristique. Trempés, devant notre tandem et nos drapeaux, avalant nos sandwichs et nos tomates croque-sel, nous devenons curiosité, et accordons peu de complaisance à tous ces gens qui ressortent avec la même bouteille attrape-blaireau de la boutique de la tour.

Bref. Nous repartons, après étude la carte (absolument indispensable en Bavière). Avec les conditions climatiques, nous menons bon train. Rien à signaler dans l’après-midi. Des routes plus plates au début, de nouvelles collines sur la fin… Nous trouvons rapidement la maison qui sera notre gîte pour la nuit, accueillis par Max et sa femme dont j’ai oublié le nom (ça commençait par un « r » et finissait par un « a »).

Petit apercu de notre chambre
Petit apercu de notre chambre

A nouveau, accueil incroyable, malgré un anglais hésitant de nos hôtes. Nous prenons nos quartiers dans ce que Max appelle la « party room », vieille pièce au-dessus du garage. En haut, il y a un vieux canapé, beaucoup d’alcool, des narguilés, un vieil ordinateur, une mallette de poker, une moquette cramée. La panoplie de la « party room », utilisée en particulier par un des fils de nos hôtes.

Après une douche des plus agréables car brûlante, nous nous installons à table. Nous sommes quatre, le plat aurait pu nourrir une armée. Nos hôtes sont encore une fois exceptionnels. Le couple d’une cinquantaine d’année se marre tout le temps, insistent pour nous resservir, se précipite pour nous débarrasser. Difficile pour nous de participer, même avec la plus grande des volontés. A chaque blague de l’homme, la femme est écroulée de rire. Panneaux solaires, potager, encore. Ils nous montrent les photos de leurs voyages, nous montrons un long moment le site internet. Max prend de nombreuses photos du moment, et nous sert de nouvelles bières bavaroises. Une fois finies, il insiste pour nous en resservir. Nous refusons poliment. Mais Max s’en va, et revient avec 3 nouvelles bières. Je crois que nous avons bu 2 litres de bière chacun… La fille Monica nous a rejoint, nous parlons de tout et de rien, et partageons encore une fois un moment exceptionnel avec des gens supers. La première phrase de Monica devant le site internet : « You are crazy ». Deuxième phrase de Monica, constatant notre avancée jusqu’ici : « You are really crazy ».

Monika : " You're really crazy!"
Monika : " You're really crazy!"

Quand nous nous couchons, c’est avec le rire facile. Mais la carte est étudiée, et la famille est la troisième à ne pas nous vanter Munich, grosse ville sans réel intérêt si ce n’est les Garden Beer. Mais nous avons déjà donné de ce côté-là. Demain, nous éviterons la métropole, et nous dirigerons directement vers le lac de Constance.
See you

Romain & Mathieu Caubin

65510 LOUDENVIELLE

 

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