A l'aise Blaise

notre pote Blaise, doublé, que dis-je, déposé à l'entrée de Toulouse
notre pote Blaise, doublé, que dis-je, déposé à l'entrée de Toulouse

Nous partons de chez Francis et Jeanine tard, l’après-midi déjà bien entamée. Peu importe, nous n’avons que 80 km à effectuer aujourd’hui, pour rallier la ville rose. Le matin, c’est un emploi du temps de ministre qui nous a attendus. Alors que j’étais encore au chaud dans mon lit, Roms répondait aux questions d’un journaliste de 100%, chaîne de radio qui nous avait déjà accordé 5min de leur antenne à l’occasion de leur rubrique du « 100% réveil », le jour suivant un député et précédant un autre homme important dont je ne me souviens plus trop la fonction (mais il était important, ou connu, enfin tout ça pour dire que c’était classe de voir sur le site de la chaîne nos noms entre les leurs). Après cela, et une fois réveillé, un journaliste de La Dépêche, mais cette fois du Tarn est venu nous rendre visite pour pondre un article dès le lendemain. La faute à notre illustre nom nous chagrine. C’est bien simple, à part l’article au Dauphiné Libéré que notre ami Karl a écris et celui paru sur Le P’tit Pyrénéen (qui est un journal gratuit !) tous les autres ont eu leur quota de fautes.

 

Chez Francis et Jeanine, nous étions - euh, comment le dire bien, vous savez, en employant le bon mot, le bon adjectif, ce qui n’est pas toujours facile. Comme des princes ? Non, trop banal. Comme des rois ? Toujours pas… Comme des clients chez Flunch, avec la formule tout illimité ? Non, quand même pas. Comme à l’Hilton ? Yeah, je crois l’avoir. Avec en plus l’amitié apportée par nos hôtes, les histoires drôles du facteur à la retraite, et une sympathique vue sur Castres.

Rox, nouvelle coéquipière dans les rues toulousaines
Rox, nouvelle coéquipière dans les rues toulousaines

Il est temps de partir, et Francis nous accompagne avec sa petite R5 pour nous mettre sur la bonne route. Afin de s’éviter l’axe principal où la circulation est dense, nous prenons par la route de Revel, moins fréquentée, mais un peu plus longue et sans une portion de plat. Ca en devient difficile. Depuis quelques jours en plus, je dirai même depuis deux semaines, nous ne roulons plus de manière régulière. Maintenant que nous sommes habitués et entraînés, parcourir 80km ou en faire 160, c’est presque la même chose pour nous. Etant addicts à l’effort physique, ou plutôt s’ennuyant quand la route et l’effort sont trop monotones, nous nous mettons des petites relances, nous montons les bosses plus vite, afin de se sentir vivant, de sentir le cœur battre de plus en plus fort, de sentir les jambes se contracter un peu (je vous rassure, qu’on aille vite ou pas, le mal au derrière lui persiste). Sur ces routes vallonnées, les bosses franchies en danseuse nous tirent, et c’est lessivés que nous arrivons à proximité de Toulouse.

 

Dans la banlieue, nous apercevons plus loin devant nous un cycliste, maillot Sunn, VTT, et une allure particulière, reconnaissable. Notre bonne vitesse aidant (et sa faible vitesse aidant aussi. C’est gift) nous rattrapons le collègue, que nous reconnaissons à peine arrivés à sa hauteur. Et tu m’étonnes que nous reconnaissions l’allure du cycliste ! C’est Blaise, notre ancien moniteur VTT, de 9 ans à 15 ans nous faisions toutes les semaines du vélo ensemble. Comme il le dit si bien lui-même, « J’aurai eu plus de chance de gagner au loto que de vous trouver ici ! ». Chouette rencontre, souvenir…

 

Nous arrivons à Toulouse, et rejoignons Marianne et Roxane, maintenant vieille amie, qui avant d’aller engloutir une assiette au libanais chez lequel nous avions nos habitudes a voulu essayer le tandem avec la panoplie quasi-complète.

Michel, accompagnant des dernières heures
Michel, accompagnant des dernières heures

Après-demain, dernière journée de selle, nous arriverons à Loudenvielle. Pas de pression, pas de stress, pas de joie immense, ni d’envie d’arrêter là ce qui marche si bien, ce que nous prenons tant de plaisir à faire. Peut-être que nous n’allons pas tourner à droite à Lannemezan, peut-être que nous allons continuer à longer les Pyrénées, pour arriver sur les côtes basques, passer en Espagne, San Sebastian, descendre sur Madrid, l’Andalousie après un détour au Portugal, la traversée du Détroit de Gibraltar en pédalo, puis un débarquement sur les terres africaines ? Ah, si l’emploi du temps nous le permettait, je crois qu’un tout petit vent de folie suffirait à nous pousser là bas, vers ce nouvel horizon. En attendant, il est tard, le libanais était bien bon, le thé vert aussi, l’appel du lit est inévitable.

Remix du jour le plus long

Nous passons une journée à Toulouse, manière d’être sur d’avoir repris les forces nécessaires pour faire cette dernière journée. Nous sommes le 10 août, et demain nous serons à Loudenvielle, après avoir passé la barre des 3800km comme il était prévu. Quelques kilomètres de selle tout de même aujourd’hui, pour rallier Tournefeuille et la maison de notre oncle et tante. Ils nous attendent, toujours de la même façon, royalement (ce sera finalement devenu une habitude pendant ce voyage. Je pense qu’une fois rentrés, nous devrons faire une cure de désintox pour addiction aux trop bons accueils). Avec eux, Michel, un collègue à notre tante, qui nous a gentiment écrit au début du voyage et qui fera un morceau de route avec nous demain. 

 

Il est 7h, mercredi 11 août, le réveil sonne et nous devons partir dans 45 minutes. Un grand calme nous habite à tous les deux, je crois que nous pouvons dire que nous sommes heureux à l’idée de récupérer nos lits respectifs ce soir mais tristes à l’idée que ce soir ça sera fini, du moins la partie vélo sera finie. Après il restera un bon paquet de choses à faire, mais finalement la partie intéressante, pour laquelle nous nous levons tous les matins depuis 42 jours sera terminée. Le sentiment est semblable à quand on doit monter dans le bus après des vacances dont on ne veut pas rentrer. Un trajet retour dont on ne voit pas le temps passer.

arrivée à Gourdan, sous l'oeil de Papa et de Lucien
arrivée à Gourdan, sous l'oeil de Papa et de Lucien

Nous partons avec Michel, que nous n’avons donc rencontré que vite fait la veille. Nous pouvons plus parler, on emprunte des petites routes calmes, et circuler à deux vélos de front n’est pas dangereux. Un passage à circulation alternée où nous passons avec un peu de retard, et les voitures arrivant en face ne nous laissent pas d’autres choix que de nous envoyer sur le goudron tout juste étalé pour que nous  pourrissions toute la monture de petites taches de goudrons, à la manière « camouflage sur route. » Michel nous laisse après environ 2h partagées ensemble. Plus de 1% de notre voyage ! Pour nous, cette dernière rencontre fut encore un grand plaisir !

 

On est fatigués, on arrive à Gourdan où nous sommes attendus par notre père pour manger, assez touchés, alors qu’il nous reste 60km, et que nous en avons donc parcouru 110. Un gros plat de pates, un bon steak, un morceau du meilleur pain du Comminges et nous repartons, accompagnés par Mr LaRochelle, cycliste qui a fait des dizaines de milliers de kilomètres en compagnie de notre grand-père, et Lucien, jeune espoir du Luchon Louron Cyclisme qui profite de notre petite cadence pour faire son fractionné. Il accélère et tient bon rythme pendant une minute, puis il fait demi-tour pour revenir vers nous. Ainsi, ca n’est pas 60km qu’il fait, mais il quintuple la distance.

dernière réparation, avec l'aide de Claude
dernière réparation, avec l'aide de Claude

Nous sommes bien mieux, nous sommes à 25km de la maison, et les jambes sont étrangement bonnes alors qu’il y a 35km nous n’en pouvions plus. Enfin, cette dernière journée n’aurait pas été drôle si une crevaison ne nous avait pas ralentis à 20km de Loudenvielle. Vite réparée, la vallée du Louron se précise. On s’arrête à Arreau remplir une dernière fois les bidons, plus que 13km. On les parcourt rapidement, tonton Robert nous a rejoint également, derniers coups de pédales pour le voyage, sur ce tandem qui commence à fatiguer vu l’épreuve qu’il a eu à affronter lui aussi.

"Mon fils, ce héros !" "Mon frère, ce héros !" (c'est gift)
"Mon fils, ce héros !" "Mon frère, ce héros !" (c'est gift)

Loudenvielle en vue, à l’entrée du village nous sommes attendus par un peu de famille qui veut que nous nous arrêtions pour prendre une photo devant le panneau. Je pilote, et après une décision à l’unanimité avec mon copilote, nous traçons jusqu’à la maison sans prendre la photo, on s’est dit à ce moment là qu’on la ferait plus tard. Au « centre commercial » du village, quelques personnes nous acclament à notre grande surprise, et à notre plus grand plaisir. Chemin des Lilas, pied à terre, nous sommes chez nous.

Romain & Mathieu Caubin

65510 LOUDENVIELLE

 

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