Arrivée et Tallinn

le long de la baie de Tallinn
le long de la baie de Tallinn

Une arrivée tout ce qu’il y a de plus normal. Ou plutôt de plus classe. Seules secondes de bémol, le coup de pression nerveux pyrénéen lorsque, ne voyant pas notre tandem par la voie classique du tapis à l’aéroport, et demandant à un employé des lieux, celui ci nous dit que personne n’a vu de grand carton blanc. Après insistance d’une seconde et demie et je crois convaincante de nos deux regards, l’homme redescend voir et trouve notre machine. Il faut dire qu’un carton de deux mètres ça ne passe pas inaperçu, et c’est ce que nous vérifions en sortant du terminal avec tout notre attirail et de nombreux yeux rivés sur des jumeaux aux allures de latinos, dont les casques trahissent le contenu de leur gros carton.

 

Nous sommes reçus par Jaan Kirsipuu, nom que les amateurs de cyclisme et même de sport reconnaîtront, lui qui a porté le maillot jaune pendant 6 jours sur le Tour de France en 1999 et a remporté plus de 130 courses professionnelles, dont 4 sur la Grande Boucle. Nous serons logés chez Erki Putsep, autre nom du cyclisme. Erki Putsep et Jaan Kirsipuu, c’est 17 titres de champion d’Estonie sur route.

avec Jaan Kirsipuu
avec Jaan Kirsipuu

Nous sommes surpris et extrêmement reconnaissants de l’accueil des deux hommes voisins. Dans un quartier calme aux abords de Tallinn, il fait bon vivre en cette soirée de juin, même si les moustiques se régalent avec notre sang occitan… Grillades, sauna, bières estonienne (que la critique salue !) sont le lot de cette soirée des plus sympas. C’est à se demander si on pouvait commencer mieux…

 

Sentiment que le mercredi confirme. Dans cet endroit où la nuit à cette époque de l’année ne se couche jamais vraiment, la journée est ensoleillée et l’atmosphère des plus chaleureuses. Nous essayons le tandem quelques kilomètres, longeant la plage jusqu’au centre historique de la capitale balte classé patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Et en effet, la ville est magnifique. Si l’entrée présente des rares traces de l’ère soviétique, le centre ville historique est d’un charme indéniable mais plein de touristes, à tel point que Jaan nous confie que « les estoniens sont faciles à reconnaître, ce sont ceux qui travaillent ».

De retour à notre « domicile provisoire », Mathieu s’attèle au tandem et le montage des différentes pièces. Si je souffre de ma cheville, le tandem a souffert de l’avion et en est ressorti malgré son solide emballage avec un joli pet sur le cadre, un porte bagage arrière tordu et des axes de fixation de la remorque également plus « tordus que l’esprit d’un politicien » (deux points à celui qui trouve la référence de la citation). Erki nous raccompagne en ville où nous achetons quelques éléments manquants, puis mangeons dans le centre, pinte à la main (décidément, la critique est enchantée de la A. Le Coq, brasseur belge installé à Tartü dans le sud-est du pays).

 

Nous rentrons, et nous activons. Je fais le webmaster, Mathieu le mécano. Demain environ 140km nous attendent en guise de première étape, et le vent est annoncé de face. Mais ce que nous entendons à propos de Parnü, ville du sud-ouest que nous rallierons, saura quelles que soient les conditions nous motiver à nous en rapprocher… Les prochaines nouvelles en direct live de Parnü !

 

See you soon

On the road 67 !

La route 67
La route 67

      Jeudi 1er. Nous devions partir à 9h de Tallinn. Nous partons à 10h30, fidèles à la ponctualité. En effet, en deux jours chez Erki, nous nous sentions tellement bien que nous nous sommes installés dans toutes les pièces, et il nous faut un temps fou pour rassembler tout le débarras. Nous sommes partis, enfin, et Erki nous accompagne jusqu’à la sortie de Tallinn. Toutes les sacoches ont l’air de tenir, le tandem lui aussi, la remorque ne bouge pas trop, bref, pour un 1er essai avec notre matériel, ca à l’air de rouler. La sortie de Tallinn n’est pas très compliquée, ni dangereuse. La route est large, les automobilistes calmes, il y a un grand respect envers les cyclistes. Pardon, il règne dans ce petit pays peu peuplé un grand respect tout court, que vous soyez cycliste ou pas. Les gens sont calmes, même s’ils ne parlent pas anglais ils vont tout faire pour essayer de vous aider avec des signes, des mots dans une langue incompréhensible. Les estoniens sont serviables, souriants. L’Estonie est un pays où il fait bon vivre, et nous y serions bien restés quelques jours de plus.

Une rencontre estonienne tout en sourire
Une rencontre estonienne tout en sourire

      Sortis de Tallinn, nous empruntons la route E67, qui relie Tallinn à Riga, en passant par Pärnu. AU début, une grande 4 voies, avec une bande d’arrêt d’urgence en bon état idéale pour nous. La route est magnifique quand vous la passez en voiture, un peu moins en vélo. Très large, traversant des forêts, des champs à perte de vue, les lignes droites en vélo se font longues. Elle se réduit rapidement en une belle 2 voies. 140km séparent Tallinn de Pärnu, la capitale d’été de l’Estonie, une ville de 50000 habitants au sud du pays. Nous les effectuons vent de face, à une moyenne de 25km/h à peu près. Avec les arrêts fréquents suite au mal du coureur (douleurs à l’entre jambes, due au changement de selle), nous mettons 8h pour arriver à Pärnu. Quelqu’un nous attend là bas. Sylvia, charmante estonienne de 18 ans, ancienne mannequin qui à arrêté pour se mettre au vélo (et ca a marché puisqu’elle est devenue championne nationale d’Estonie une semaine avant notre passage !) nous rejoint à l’entrée de la ville pour nous emmener jusqu’à nos quartiers. Nous espérons que le soir elle pourra nous accompagner pour une petite soirée à Pärnu, mais il n’en est rien. Elle nous laisse au stade.

Parnü

      On nous montre une chambre exigüe, six lits bien alignés, une vieille armoire, un unique bureau. Dans les chambres à côtés, des dortoirs identiques, avec des garçons âgés de 12 à 16 ans peut être, nous regardent nous installer avec curiosité. Notre chambre donne sur le stade municipal, dont les gradins hérités de l’époque soviétique tombent en ruine. Il y a un tournoi de foot en ce moment, et c’est la seule place

qu’il y a de libre dans la ville. Mais ça nous convient très bien, on se serait juste peut être passé des larves qui s’échappent des trous dans le plancher. Nous nous occupons de nous, passons de la pommade un peu partout, buvons une boisson de récupération. J’ai une piqûre d’araignée sur le pied, qui l’a fait doubler de volume, et qui me fait souffrir bien plus que les 140km que j’ai dans les pattes. Le stade est à 50m de la plage, nous allons donc y faire un petit tour avant de manger. La mer est douce, nous avons pied jusqu’à 100m et même au-delà, pas évident pour aller nager sans venir cogner le sable. Il y a des dizaines de jeunes sur la plage, qui pratiquent à peu près toutes les activités que peuvent pratiquer les

adolescents en cette saison : certains jouent au foot ou au volley, d’autres bronzent, certains se baignent, certains boivent des bières, d’autres roulent des mécaniques avec de belles blondes qui devaient attendre la venue des beaux footballeurs toute l’année.

Le club olympique de Tallinn
Le club olympique de Tallinn

      Et les cyclistes dans tout ça, merde ! C’est autre chose de pédaler 8h que de courir 1h30 après un ballon. Merde. Allez un peu de chauvinisme, et de non-modestie. De Tallinn, nous sommes tombés sur le nouveau clip de Shakira, dans lequel joue Rafael Nadal. On aurait du faire du tennis, je n’ai pas vu beaucoup de cyclistes faire ca… Le soir nous prenons notre tandem en direction du « centre », une petite assiette accompagnée d’une bière ne seront pas du luxe. En 2km, le mal au cul ne laisse présager rien de bon pour le lendemain. Nous nous installons dans un bar-restau aux allures rock’n’blues, où notre tandem et peut-être nous même avec nos vestes de cyclistes éveillent la curiosité. En rentrant, aux alentours de 23h30, nous entendons les jeunes footballeurs de la chambre à côté taper à notre mur, et émettant des bruits non catholiques. Les mêmes choses que l’on faisait sans doute à 12 ans aussi. Un petit trou dans la porte leur permet de nous apercevoir, et à en croire leur éclat de rire, ils sont tout étonnés qu’on leur réponde de la même manière et de voir passer le papier marqué « speak english ? » que j’ai introduit dans le trou. Une discussion s’engage à travers le mur, et se continuera dans leur chambre. Six sont debouts, un autre, le capitaine paraît-il, est couché. Nous discutons de l’Estonie, de la France, du football, de notre voyage, nous leur montrons des photos. C’est impressionnant de voir leur niveau d’anglais à leur âge. Deux d’entre eux viennent dans notre chambre. Romain s’endort alors que Mathieu apprend l’estonien. Les deux jeunes le tiennent éveillé jusque tard, mais alors qu’il pensait leur dire à un moment qu’il fallait aller se coucher, il se rendit compte qu’ils prenaient plaisir à rester là avec nous, alors ils sont restés plusieurs heures. Bref, excellent moment, conclu par la rédaction d’un dictionnaire franco-estonien et des photos avec nos différents maillots et le drapeau occitan. Nous nous couchons assez tard, mais le lendemain nous prendrons notre temps.

 

      Nous avons environ 190km à faire jusqu’à Riga, par une route longeant la Baltique. Nous les ferons en deux jours, et ce vendredi nous en effectuerons à peu près 70. Le matin nous pouvons donc dormir, ou admirer le foot par la fenêtre, faire quelques courses. Le mal aux jambes et au cul m’inquiète, surtout ce dernier pour moi. Nous repartons en début d’après-midi, direction Ainazi, espérant que les nuages de ce matin nous laisseront tranquilles.

Laissez moi penser.....laissez moi!
Laissez moi penser.....laissez moi!

Les + : le respect estonien des cyclistes, notre moyenne élevée, la route, le foot sous la fenêtre

Les - : le mal, la piqûre de math, la cheville de roms, le vent de face, la récupération difficile après ce 1er jour

 

A bientôt à Riga !

Romain & Mathieu Caubin

65510 LOUDENVIELLE

 

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