2 en 1

paysages splendides, jambes dures
paysages splendides, jambes dures

        Jamais vous n’avez eu ce sentiment qu’une journée prématurément débutée en comportait plusieurs ? 2 jours en 1, c’est un peu le sentiment pour ce jeudi. 2 états physiques, 2 pays, 2 atmosphères. Et la rencontre de deux voyages de deux voyageurs chacun.

 

Levés tôt, nous déjeunons rapidement, pressés de repartir de cette chambre sordide qui nous a servi de refuge. D’entrée nous sommes dans le « grand bain ».

 

      Nous vous avions parlé de ces montagnes apparentes qui rendaient la soirée précédente magnifique, aidées par le soleil rouge de fin de journée. Aujourd’hui, il est temps de passer de l’autre côté. Certes, rien à voir avec nos Pyrénées, mais après 3 jours intenses, la moyenne montagne qui se prépare va laisser des marques. Après 15km seulement, Mathieu me laisse le pilotage. Nous sommes scotchés en ce début de journée. Une ligne droite à priori plate se présente, d’environ 3km. Elle devient une éternité, à 15km/h. Il y a des jours comme ça. Nous n’avançons pas. Et puis la route s’élève doucement. De longues côtes se présentent, des cols, pour passer d’une vallée à une autre, en cette dernière journée polonaise. Bref, nous n’en pouvons plus par moments, le silence est pesant, le vélo est scotché au goudron, les kilomètres sont longs. Tout ça réuni n’est jamais assez pour nous empêcher d’apprécier de telles routes et de tels paysages de moyenne montagne.

descente vers la "Tchéquie", nouveau pays et nouveaux paysages, lacs, champs, bois
descente vers la "Tchéquie", nouveau pays et nouveaux paysages, lacs, champs, bois

        Arrivés à Klodzko, petite ville proche de la frontière, après environ 45km, je perds de la lucidité, sans doute après des mauvais repas voire une absence de ces derniers. Math repasse devant, on s’arrête pour manger un peu, lessivés après cette matinée éprouvante physiquement et moralement.

 

        Mais ces longues heures ne sont qu’un passage. Quand nous repartons, c’est encore à l’assaut de nouveaux petits cols, en direction de la frontière tchèque. Nous avons repris du poil de la bête pyrénéenne, à travers ces routes splendides, dans cette région boisée. On rigole, on s’encourage, on déconne, on admire la route. Et puis on se dit que si ça monte maintenant, c’est que plus loin ça doit descendre ! Ainsi, après plusieurs kilomètres de montée légère, et après un panneau promettant la frontière à 15 kilomètres, la route s’aplanit avant que nous la dévalions, pour nos derniers kilomètres en Pologne. C’est donc avec le sourire que nous quittons ce grand pays traversé en diagonale.

 

        Environ 50km nous séparent encore de Hradec Kralové, ville où nous avons prévu de retrouver nos deux compères motards Hugo et Henry (voir rubrique « Eurotrip en moto », dans "amis et partenaires"). De grandes portions de plat, dans des paysages sans cesse renouvelés, campagnes, lacs, champs de panneaux solaires. C’est incroyable comme ces paysages s’enchaînent. Bref, ces kilomètres sont vite avalés, nous avons hâte d’arriver. Tellement vite que nous passons entre les goûtes de l’orage qui nous effleure. Une fois la ville atteinte, nous rejoignons le McDonald (wifi international !) afin de contacter nos deux compères qui arrivent quelques minutes après. Juste heureux.

 

        Nous parcourons 10km pour sortir de la ville, et installons notre campement sauvage au milieu d’un champ de cerisiers. Moment incroyable, malgré la pluie qui s’abat un moment sur notre bâche. Mais peu importe. Rien ne vaut ces moments-là. Rien ne peut les raconter. Merde, on est pas Baudelaire. Hugo dédicace : ça ne sert à rien de prendre des photos, aucune ne pourra retranscrire la saveur de ce moment là.

Vers Prague

Le départ de notre plantation de cerisiers
Le départ de notre plantation de cerisiers

       Rien de tel qu’une bonne nuit en camping sauvage ! Nous craignons d’être expulsés le matin par les propriétaires des lieux. Une voiture passe même sur le chemin devant nous plusieurs fois tôt ce matin là, ralentit, la femme au volant collée à sa vitre. Mais non ! Nous nous levons tranquillement, l’orage de la nuit a laissé place à un beau soleil (prometteur celui-là…). Un de nos deux motards nous amène le ptit déj’ que nous avalons tranquillement avant de ranger notre campement. Les tracteurs qui se rendent dans les champs voisins ont l’air assez effarés. Et pour cause. Quatre jeunes, mal rasés, trois à cheveux longs, une tente, une bâche, deux motos immatriculées en France, un tandem non immatriculé, des sacoches, un feu éteint, et tout ça dans ce champ tchèque au milieu de nulle part. Possible que certains aient parlé des quatre compères pyrénéens à leur repas du midi, ou leur bière de 10h.

Sous bonne escorte
Sous bonne escorte

       Nous prenons la route assez tôt, vers 9h30, sous bonne escorte. La présence d’H&H (Henry et Hugo) nous permet de réaliser des vidéos sympas (by H) alors que H nous coupe le vent quelques kilomètres. Mais ils prennent vite le large, et nous attendent plusieurs fois sur le parcours.

Pas grand-chose à dire sur cette journée. « Seulement » 110 kilomètres, parcourus rapidement. Il nous tarde d’arriver à Prague, ce qui fait de cette journée une journée sportive. Les panneaux tchèques réservent quelques surprises affectant la bonne humeur. « Praha : 45km ». Environ 1/2h plus tard : « Praha : 44km ». 10mns après : « Praha : 27km ». Bref, vous l’aurez compris, les ingénieurs des routes tchèques ont sans doute bu plus de bière au petit déjeuner que notre camionneur polonais (le français est râleur, non ?).

Arrivée à Prague
Arrivée à Prague

       Nous arrivons finalement dans la banlieue de la capitale tchèque. Une entrée rapide, un bref passage sur un périph à fond la pédale. H nous escorte, tandis que H a déjà rejoint l’appartement que nous louons tous ensemble pour le week end (rassurons les partenaires, rien à voir avec le prix pour la même chose en France). Hélas, à un moment, en arrivant dans le centre, nous perdons notre « guide », et attendrons bien 1h30. Juste le temps de constater que le « pays de la soif » n’était pas celui que l’on croyait. Il fait incroyablement chaud, c’est étouffant, ça a d’ailleurs rendu la route difficile. Bref, nous retrouvons nos aventuriers motards, et nous installons dans nos quartiers, appartement sympa surplombant la ville, dans le quartier du grandiose château de Prague. Et c’est parti pour 4 jours dans la superbe ville. Nous sommes à peu près à la moitié de nos aventures, en termes kilométriques. Presque 1800 kilomètres depuis le début, déjà, parcourus à un rythme effréné. Nous avons mérité notre longue pause ici.

 

See you

Nos meilleurs amis

4 jours à Prague, c’est pas du luxe. Nous sommes courbaturés, 700km en 5 jours depuis Varsovie nous ont bien amochés. Les journées sont vite remplies, le réveil est tardif, et nous avons tellement à faire. La ville est grandiose, à chaque coin de rue une nouveauté. Il faut laver les affaires, les sacoches, faire un peu le webmaster. Le tandem et la remorque y passent aussi, remise à neuf, on frotte les quelques taches, graisse la chaîne.

Alban, qui nous a servi de guide à Prague.
Alban, qui nous a servi de guide à Prague.

Le jour se lève, je dois vite trouver ces pneus avant de rendre l’appartement. J’ai trouvé l’adresse d’un revendeur sur le site officiel, je m’en vais en métro les chercher. J’arrive dans une zone industrielle, et là, même avec l’adresse, difficile de trouver le lieu. J’ai l’impression que les adresses en République Tchèque ne marchent pas tout à fait comme en France. Je cherche le numéro 159/7. A la sortie du métro, je suis dans la bonne rue, mais au numéro 898/2. Je continue un peu, 950/41. Oula, ca change vite ! Je reviens donc sur mes pas, longe l’usine Pepsi qui doit bien faire 1km de long, et arrive au 978/58. Mince, ça ne doit pas être par là. Je reviens sur mes pas, tourne et retourne, et arrive finalement par hasard, entre le 845 et le 174 au 159/7. Je rentre, me retrouve au milieu de plusieurs hangars ou des asiatiques s’affairent à charger et décharger des affaires. Je retrouve ce que je crois être le magasin, entre, mais manque de bol, ça n’est pas ce que je cherchais. Le patron très sympa m’explique que c’est un grossiste, qu’il vend à des magasins, et qu’il ne comprend pas comment j’ai pu trouver son adresse. IL veut bien me donner son modèle d’exposition, mais n’accepte pas la carte et le premier distributeur est loin, j’abandonne et rentre bredouille, en ayant la désagréable sensation d’avoir perdu ma matinée (parti à 9h pour rentrer à 12) dans cette ville où il y a tant à faire.

La nouvelle attraction touristique de Prague, Layla
La nouvelle attraction touristique de Prague, Layla

J’arrive à l’appart, les motos de H & H sont déjà prêtes au départ, la femme de ménage est le balais à la main agacée que nous sommes en retard, nos affaires sont encore en désordre. Une grande accélération, et notre tandem est prêt. Nous décidons avant de partir de manger un petit bout devant le château qui domine la ville, l’endroit le plus touristique de Prague. Le vélo est à côté, tandis que nous dégustons en terrasse une spécialité tchèque que j’ai failli vomir par ailleurs (mais bon, il faut se forcer, la route va être longue cet après midi). Chose amusante, tous les groupes de touristes ou presque s’arrêtent devant le tandem, comme s’il était classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Des anglaises nous parlent (pas difficile de trouver les proprios, nous sommes déjà en tenue) naïvement, vous savez, comme si elles parlaient à des enfants de 4 ans, l’impression d’être une attraction de la ville,  (je suis sûr qu’on le laisse là quelques jours et il rentrerait dans tous les guides de tourisme de la ville !). Le paroxysme est quand un groupe de chinois (je dis chinois mais je ne sais pas vraiment, peut être étaient-ils coréens, ou autre. En tout les cas, ils étaient nombreux, avec des appareils photos tous plus gros les uns que les autres suspendus autour de leur cou.. Peut être des japonais ??) fait une pause devant nous, et un véritable défilé s’organise. Les uns après les autres, ils prennent la bête en photo. Une pause devant le 1er guidon, le 2eme, la remorque, puis notre fanion. Important d’avoir quatre photos de tous les endroits différents, tous les profils. Tandis que nous nous marrons, un prend le dérailleur, les autocollants Peyragudes et de l’Université Toulouse 1, la remorque, le porte bagage, le panneau solaire, le fanion, un gros plan sur la manette de freins. C’est à ne rien y comprendre, mais qu’est ce qu’on rigole.. Je suis sûr qu’on aurait pu faire de l’argent avec un chapeau devant, ou si on avait posé avec les touristes.

salut les potes
salut les potes

La visite terminée, il est l’heure de reprendre la route. La roue arrière est toujours mal gonflée, et ca devient dangereux, vraiment dangereux de rouler ainsi. La descente pour sortir de la ville est sportive, les pavés glissants, chaque trou nous donne l’impression de crever. La sortie est difficile, pas évident de trouver son chemin. Nous avons 100km à effectuer aujourd’hui, nous avons prévu de camper près de Plzen, dernière grande ville avant la frontière allemande. Nous longeons un grand chantier pour une nouvelle ligne de tramway, pendant plusieurs kilomètres, en faux plat montant, autant dire qu’on l’a longé un bon moment. Voilà l’histoire qui explique le titre de l’article : des dizaines d’ouvriers nous saluent, de grands signes. Un (cf photo) nous ouvre une barrière et nous propose un large sourire sous sa moustache. Les ouvriers sont vraiment nos meilleurs amis. Déjà en Pologne, ils étaient nombreux à nous saluer, mais alors la sortie de Prague est d’un plaisir ! Très dure, ça monte tout le temps et nous devons faire demi-tour à plusieurs reprises, mais les encouragements nous font avancer. Certains nous parlent, tous s’arrêtent de piocher à notre passage.

L'homme qui nous ouvrait la barrière
L'homme qui nous ouvrait la barrière

Sortis de la capitale et enfin sur la bonne route, les kilomètres s‘enchainent. Pas très rapidement certes, car la route est très vallonnée. Il fait bon, les paysages que nous traversons sont exceptionnels, on à l’impression que plus on avance et plus c’est beau (peut être est-ce parce qu’on se rapproche de la France ?). Une petite vallée fait place à une autre, le soleil omniprésent nous fait suer toute la transpiration de l’Enfer (pas mal l’image, non ? Roms n’aime pas non plus. Pas grave, je laisse).

                Arrivés aux abords de Plzen, nous rentrons dans la ville, en espérant arriver à la traverser et trouver un endroit sympa où camper avant la tombée de la nuit, mais c’était sans savoir que Plzen, c’est une grande ville. Nous évitons le plein centre, mais une fois la ville passée, la nuit est tombée. Nous nous mettons en mode nuit, accrochons nos frontales, allumons nos feux, mettons les k-way car il commence à faire frais, et finalement après 30min de route, à 22h tout de même, nous trouvons « the place to be » sur la rive d’un lac, où nous installons avec efficacité notre tente.

Romain & Mathieu Caubin

65510 LOUDENVIELLE

 

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