On fait aller

Ce matin on prend l’avion pour Tallinn. Mon esprit borné pyrénéen est tout étonné de pouvoir se servir de ce mini ordinateur portable (qui par ailleurs éveille déjà ma curiosité) dans le vol pour Francfort où nous ferons escale.

 

Premières impressions donc.

 

D’abord, le ciel est magnifique. Un tapis blanc tel un immense lac gelé et enneigé a laissé place aux Alpes à droite, au lac Léman à gauche (répétition de « lac », j’ai vu). Mon estomac, lui, sans doute noué ce matin à l’heure du déjeuner, semble s’être libéré. C’est pour lui un bonheur d’apercevoir un steward de la Lufthansa distribuer des petites poches qui doivent sans doute dissimuler quelques viennoiseries ou autres beignets sucrés. Déception en ouvrant, le bout de pain genre sandwich SNCF renferme une tranche millimétrée de saucisson à l’ail (en parlant de SNCF, j’attends le contrôleur et sa casquette pour contrôler mon billet ; je crois que je vais encore regretter de l’avoir pris alors que jamais le cliquetis du poinçon ne se fait entendre…). On n’aime pas le saucisson à l’ail. A ce moment précis, j’entamerai sans problème une nouvelle guerre mondiale contre les boches.

 

Ce qui me fait penser à un passage du bouquin que j’ai acheté à l’aéroport ce matin, Windows on the World, de Frédéric Beigbeder, et ce père américain qui dit à ses jeunes gosses à propos des Français : « …la France est un petit pays d’Europe qui a aidé l’Amérique à se libérer du joug des Anglais entre 1776 et 1783, et, pour les remercier, nos soldats les ont délivrés des nazis en 1944. Je simplifie un peu pour des raisons pédagogiques ».

 

Autre chose ? Oui, ce matin au moment de l’embarquement j’écoutais When the music’s over des Doors. Un monument. Pour le moment ce sont les airs, dans deux jours ce sera plus terre à terre.

 

See you soon.

L'attente à Francfort
L'attente à Francfort

Voilà mes premiers mots de mon premier journal. Je pars dans l’inconnu, j’ai rarement écrit, juste quelques essais à l’occasion de la préparation intensive au brevet des collèges, et puis après, plus rien. Oh oui, il y avait bien ces commentaires de texte, mes les miens ne se laissaient pas lire très facilement, y compris par la prof elle-même. Je m’essaie donc là à un tout nouveau genre pour moi, autobiographique, en tentant d’être compréhensible.

 

Pas facile de tenir un journal. Lorris, notre jeune président de l’œil d’Hermès, est un expert en la matière. Il y a à peine deux semaines, je l’entendais parler de cette pratique, et effectivement, ca n’est pas évident quand on ne sait par quoi commencer, comment s’y prendre, qu’on en a jamais fait. Il m’a donné quelques conseils, que je vais tenter de suivre. Voilà ses mots approximatifs :

 

« Tu as ton stylo ou ton clavier en permanence avec toi. Dès que tu arrives dans un endroit nouveau, que tu rencontres de nouvelles personnes, que tu découvres une autre culture, que tu assistes à un événement qui te fait réagir, tu écris. Tu décris ce que tu sens, ce que tu goutes, ton environnement, avec tes mots, et sans complexes. »

 

 

Ca y est, je sais par quoi commencer !

Nous sommes à l’aéroport de Francfort, d’où nous attendons la correspondance pour Tallinn. 4h d’attente, ça laisse le temps de décrire l’environnement ! Il est 11h17, il fait beau et chaud, nous sommes peinards, posés en terrasse face aux pistes où circulent un nombre incalculable d’avions. De grandes grues s’élèvent à l’arrière, pour la construction d’un gigantesque bâtiment qui doit bien faire 1km de long. Là où nous sommes, une machine automatique distribue automatiquement du café, chocolat ou thé, alors qu’en face il y a un bar où on trouve ces produits à 2€ minimum. Et la terrasse est pleine, alors qu’avec nous il n’y a personne, c’est à se poser des questions ! Je lis un journal allemand, tente de capter quelques mots de cette langue dont je ne possède aucune base. Il y a bien une phrase que je comprends, elle est inscrite sur une fenêtre en face de nous : « Achtung ! Fenster öffnet automatisch ». Je suppose que je peux le traduire comme ci : « Attention ! La fenêtre s’ouvre automatiquement ». Plusieurs profils de voyageurs nous entourent : le traditionnel homme d’affaire, cravate et veste, qui s’affaire sur son PDA, le couple de jeunes anglais ou américains qui ne se parlent guère, et la jeune étudiante allemande blonde, qui parle fort sur son Iphone dans un charabia indescriptible. Et il y a nous !

 

Roms est avachi sur la table, il dort je crois. Il faut dire que nous venons de passer deux journées épuisantes, et la nuit a été courte. Laissez-moi-vous raconter notre journée d’hier.

Levés à 7h pour préparer une intervention à l’école de Loudenvielle,  nous allons à 10h à la rencontre des enfants qui nous reçoivent avec beaucoup de curiosité, émerveillés même pour certains. Un jour avant de partir, alors que le stress du départ, de l’échec, le doute qui nous habite quant aux raisons pour lesquelles nous faisons cela, et bien tout ça disparait. Les enfants sont souriants, bourrés de questions, géniaux ! Ils nous demandent : « Pourquoi vous ne pouvez pas nous emmener avec vous ? On peut se mettre sur la remorque ! » Question à laquelle nous répondons : « -Parce que demain vous avez école ! – Mais c’est pas grave, on préfère aller faire du vélo avec vous! ». Expérience enrichissante, un grand bol d’air qui regonfle à bloc, les pendules remises à l’heure, nous commençons à préparer nos affaires.  Je dispose tout notre équipement sur de grandes tables installées dans le jardin. Je classe tout, par type, couchages, matériel de réparation, cuisine, … Je m’apprête à remplir les sacs et un orage éclate ! Branle bas le combat, tout le monde à son poste, on rentre tout dans l’urgence ! Une fois tout à l’intérieur, il s’arrête de pleuvoir. Et tout notre matériel est dispatché dans la maison, en vrac. Blasés…

 

Nous arrivons enfin à partir à Toulouse, chez notre tante qui doit nous avoir préparé un super repas, comme d’hab. Après deux heures de route, nous arrivons, et effectivement le repas s’annonce délicieux. Mais petit détail essentiel pour rajouter un peu de piment à l’aventure, il nous manque les sacoches, qu’on a oublié de charger à Loudenvielle.  Impossible de partir sans, nous voilà avec mon père repartis à 22h pour chercher les sacoches. Résultat de la journée : couchés à 3h30, pour un réveil à 5h. La fatigue est donc bien là, alors que nous comptions partir les batteries pleines, j’ai une nuit de sommeil en retard.

 

Bien commencé ? Nous faisons le stock au stand Lufthansa de petits trucs qui pourront nous être utiles. Sachets de sucre, 6 types de thé, dosettes de sirop de citron, et même papier toilette. Ils sont quand même cools ces allemands ! Je n’aime pas entendre prononcer cette langue, je la trouve agressive. Les toilettes parlent, ils ont du payer cher ce système, je me pose la question de quel pourcentage du prix de mon billet a servi à financer cette installation ?

A peine descendus de l’avion, alors qu’on était dans la navette qui nous emmenait au terminal, nous étions tout fiers de voir le carton de notre tandem déchargé de la soute. Jusqu’au moment où un employé de la Lufthansa y a propulsé avec force une valise qui devait faire au moins 15kg en plein sur notre machine ! Stupéfaits ! Nous savions que ça se passait comme ca, mais nous aurions préféré ne pas assister à ça ! Si le cadre est tordu une fois à Tallinn, on saura d’où ça vient (note du correcteur : on a bien vu la tronche du gars, et on a la plaque d’immatriculation de sa voiture..). Mais non, soyons optimistes, nous avons l’occasion de réaliser une part de notre rêve, un projet qui nous aura pris 6 mois de préparation, ce n’est pas une valise et un gorille qui vont nous casser ça !

 

J’espère que le 1er essai s’avère plutôt positif. En tout cas je prends du plaisir, et me dire que mon audience ne sera pas très importante ne rajoute pas à la pression.

Romain se réveille, je vais me resservir un cappuccino…

 

Romain m’a corrigé ! La visite à l’école ma fé écrir le françé com un élaive de moiène secssion.

Romain & Mathieu Caubin

65510 LOUDENVIELLE

 

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